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3e Festival de l'Agriculture de Conservation
Les 17 et 18 juin 2020, Greenotec organise la 3e édition du Festival de l'Agriculture de Conservation (FAC). Durant 2 jours, venez découvrir les dernieres ...
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Intercultures courtes 2015-2016 couverts et destruction
Contexte et objectif de l'essai
Les intercultures peuvent devenir un vrai atout agronomique, économique et écologique, si ils sont bien réfléchis. Cet essai vous aidera dans vos choix d’interculture courte dans le cas plus particulier d'une interculture courte entre un pois de conserverie et un froment d'hiver.
La culture du pois de conserverie est un très bon précédent à la culture du froment. En effet, cette première culture laisse derrière elle un profil riche en azote. Cet azote, rapidement minéralisé, est potentiellement lessivable. L’implantation d’une interculture courte semble donc intéressante pour capter cet azote. De plus, une partie de ces nitrates, captés par les engrais verts seront redistribués à la culture suivante par minéralisation. Une diminution de la fumure azotée serait donc possible. Une autre question se pose : Quelle est la méthode la plus économique et la plus rentable pour implanter la culture de froment d’hiver dans une couverture végétale volumineuse ? Enfin, une dernière question est posée : Est-il possible de transformer les obligations environnementales en un atout agronomique, écologique et économique ?
Contexte et objets expérimentaux
Des essais de destruction et de fertilisation ont été mis en place durant la saison culturale 2014-2015 (FDH15) et pour la saison 2015-2016 (FDH16).
Pour la saison 2014-2015, ils sont répartis comme suit :
- FDH15 couverts: un essai composé de 9 intercultures différentes.
- FDH15 destruction: un essai compare 4 modalités de destruction de couvert et de semis du froment.
Les deux essais implantés pendant la saison culturale 2015-2016 ( FDH16) sont constitué comme suit:
- FDH16 couverts: Le premier vise à comparer trois intercultures différentes. Sur ce même essai, trois fertilisations différentes sont testées afin de voir si la fumure azotée peut être diminuée.
- FDH16 destruction: Le deuxième essai de cette saison culturale consiste à tester 7 destructions de couvert et de semis de froment différents.
Essais FDH 2015 et FDH 2016
Itinéraire Technique
Date | Opération | Description/ produit commercial | Dose/ha | Nature |
12/07/2014 | Récolte des pois de conserverie | |||
15/07/2014 | Récolte des fanes | |||
17/07/2014 | Préparation du lit de semance | Lemken Smaragd 8cm | ||
01/10/2014 | Broyage des couverts | |||
03/10/2014 | Préparation du lit de semence | |||
04/10/2014 | Semis du froment d'hiver | Varièté d'Edgar 140 Kg/ha | ||
02/11/2014 | Traitement phytosanitaire (sauf pour le semis direct) | Bacara | 1L/Ha | Herbicide |
24/11/2014 | Traitement phytosanitaire | Lambda Stefes | 1 L/ha | Insecticide |
09/02/2014 | Traitement phytosanitaire (que pour le semis direct) | Atlantis et Actirob | 0.35 et 1 l/ha | Herbicide et additif |
19/03/2015 | Apport d'Azote | 50 unités sulfazote | 227 Kg/ha | Engrais |
10/04/2015 | Traitement phytosanitaire | Staliban et Modus | 1 et 0.11 L/ha | Régulateurs de croissance |
20/04/2015 | Apport d'azote | 60 Unités sulfazote (N22% - SO3 7,5%) | 272 Kg/ha | Engrais |
04/05/2015 | Apport d'azote | 57 Unités sulfazote (N22% - SO3 7,5%) | 259 kg/ha | Engrais |
05/05/2015 | Traitement phytosanitaire | Rubric, Pugil, Epsotop | 0.35 ; 0.5; 1.1L/ha | Fongicide, fongicide et engrais foliaire |
23/05/2015 | Traitement phytosanitaire | Cériax | 0.9 L/ha | Fongicide |
03/08/2015 | Moisson du froment | Récolté par la société Redebel avec une moissoneuse exprérimentale |
Date | Opération | Description/ produit commercial | Dose / ha | Nature |
11/07/15 | Récolte du pois de conserverie | |||
14/07/15 | Récolte des fanes | |||
22/07/15 | Semis des couverts d'interculture courte | Herse rotative + semoir en ligne à disque | ||
31/09/15 | Broyage des couverts | |||
04/10/14 | Semis du froment d'hiver | Variété Edgar 140Kg/ ha | ||
27/10/15 | Traitement phytosaniatire | Bacara | 1L/ha | Herbicide |
15/03/16 | Traitement phytosanitaire | Atlantis ; Actorib ; Sulfate d'ammoniaque | 0.350 ; 1 l/ha et 1 kg | Herbicide ; additif et additif |
20/03/16 | Apport d'azote | 50 Unités sulfazote | 227 kg/ ha | Engrais |
01/04/16 | Traitment phytosanitaire | Cycocel; Lambda | 1 et 0.1 l/ ha | Régulateur de croissance et insecticide |
08/04/16 | Apport d'azote | 60 unités sulfazote (N22% - SO3 7,5%) | 272 kg/ha | Engrais |
16/04/16 | Traitement phytosanitaire | Cycocel ; Pugil ; Rubric | 1L/ha ; 0.3l/ ha et 0.4 l/ha | Régulateur de croissance ; fongicide et fongicide. |
03/05/16 | Apport d'azote | 50 unités solution azotée (N39%) | 166 kg/ha | Engrais |
08/05/16 | Traitement phytosanitaire | Rubric et Pugil | 0.3 et 1 L/ha | Fongicide |
24/05/16 | Apport d'azote | 36 unités N27% | 133Kg/ha | Engrais |
01/06/2016 | Traitement phytosanitaire | Aviator ; Symbiose ; Epsotop | 0.8 et 0.2 l/ha et 1.8kg/ha | Fongicide, fongicide et sulfate de magnésie |
19/06/16 | Traitement phytosantaire | Tébusip ; Epsotop | 0.6l/ha et 2.1 Kg/ ha | Fongicide et sulfate de magnésie |
03/08/15 | Moisson du froment | Récolté par le société redebel avec une moissonneuse expérimentale |
Résultats et discussions
Evaluation agronomique:
Réflexion n°1 : Les couverts composés de légumineuses jouent également un effet piège à nitrate significatif.
Les mesures d’azotes réalisées confirment l’effet piège à nitrates des légumineuses. En effet, comme cité dans le chapitre État des connaissances, les légumineuses en pur limite la lixiviation des nitrates quand la quantité d’azote dans le profil est faible ou moyen. Les mélanges de légumineuses et de non‑légumineuses ont un effet piège à nitrates équivalent par rapport aux non‑légumineuses pures. (Cohan & Labreuche, 2015)
Il ne faut donc pas avoir peur d’incorporer des légumineuses dans ses couverts. Néanmoins, il faut tout de même respecter la législation qui autorise un maximum de 50% de légumineuses en poids de semence dans le mélange réalisé. En observant les résultats des mesures d’azote, cette réglementation est contredite dans les essais. En effet, le mélange testé durant l’essai FDH15, qui est composé de 100% de légumineuses, piège tout de même 80 unités d’azote.
Réflexion n°2 : La biomasse produite par les intercultures courtes dépend du type de mélange réalisé.
Durant l’essai FDH16, la biomasse mesurée sur les mélanges complexes est toujours plus élevée par rapport aux mélanges plus simples. De plus, l’écart de biomasse entre les différentes répétitions est minime pour ce type de mélange. Cet essai confirme donc l'idée que chaque plante participe à la biomasse sans trop concurrencer les espèces présentes dans ce mélange. Il y a donc une production supérieure par rapport à des espèces en pur. (Thomas, 2009) (Minette, 2009).
Réflexion n°3 : Par la restitution des éléments fertilisants captés par les couverts, les différents mélanges d’engrais verts testés ont un impact sur l’auto-fertilisation azotée du froment d’hiver
Suite à l’essai fertilisation réalisé durant l'année 2016, différents résultats sortent du lot.
- L’absence de fertilisation en sol nu donne de meilleurs rendements qu’en sol couvert. Ceci peut s’expliquer par le fait que le froment implanté sur un sol non couvert prélève directement l’azote présent dans le sol.
- Le profil azoté printanier pour cette parcelle contient un peu moins de 80 Unités d’azote. Valeur non négligeable.
- Pour les mélanges contenant de l’avoine, le profil printanier est également riche en azote. Malgré cela, le rendement est diminué. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces mélanges, après destruction, prélèvent une partie de l’azote présent dans le sol pour leur minéralisation. Ce phénomène entraine donc une légère faim d’azote pour le froment. La diminution de rendement sur sol couvert et non fertilisé est donc expliquée.
Remarque : L’agriculteur, chez qui on a mis en place l’essai, pratique les couverts végétaux et apporte régulièrement de la matière organique sur ses terres. Il est donc fort probable que ce système a une inertie sur la restitution azotée.
Lorsqu’on regarde les rendements pour la fertilisation de 100 U, les quatre modalités de couverture donnent des résultats plus ou moins équivalents. De plus, ce n’est plus la modalité sol nu qui est la plus productive mais plutôt la modalité avoine + trèfle d’Alexandrie. La fumure azotée a donc permis, en partie, de minéraliser le couvert. Le froment a donc bénéficié de tout l’azote déjà présent dans le sol et va également bénéficier de la minéralisation progressive du couvert.
La fertilisation de 150 U ne permet pas un gain de rendement très élevé. Cette fertilisation supplémentaire n’est donc peut-être pas nécessaire au point de vue économique (cet aspect est développé dans la partie Évaluation économique située ci-dessous). Une partie de l’azote apportée en supplément serait donc inutile. La quantité d’azote présente dans le sol est donc suffisante pour exprimer un rendement satisfaisant.
La couverture de sol a donc bien un effet sur la fertilisation du froment. Cet effet est marqué lorsqu’une fertilisation azotée est apportée. Celle-ci permet de minéraliser plus facilement l’azote du couvert et permet d’éviter en partie le phénomène de faim d’azote. Ce phénomène ne serait sûrement pas observé avec des mélanges de couvert composés uniquement de légumineuses. En effet, ce type de mélange se minéralise très facilement vu son C/N assez bas.
Réflexion n°4 : La modalité 100% semis direct à disque a un impact sur la biomasse des intercultures, la mobilité de l’azote dans le sol et le rendement du froment d’hiver.
L’interculture courte ayant obtenu le meilleur résultat de biomasse est la modalité implantée en semis direct. En effet, durant la croissance des couverts, cette interculture courte a toujours été la plus belle et la plus grande. Au vu de ce résultat, le travail du sol avant le semis des couverts n’est pas indispensable pour permettre une bonne croissance des engrais verts. Ceci est valable lorsque le pois de conserverie a été récolté en de bonnes conditions. En effet, les conditions de récolte pour cet essai étaient bonnes.
Néanmoins, cette méthode de semis restitue moins d’azote à la culture suivante mais capte un maximum d’azote dans le sol. Ceci s’explique par une minéralisation beaucoup plus lente vu que le sol n’est pas travaillé.
Le rendement du blé suivant ce couvert, est tout de même moins élevé que les autres modalités. Mais lorsqu’on regarde l’analyse économique (située ci-dessous), cette modalité est classée deuxième dans les plus rentables. En effet, le coût de ce type de semis est très bas.
Autres paramètres testés pour lesquels aucuns effets statistiques significatifs n’ont pu être dégagé.
- La biomasse des intercultures courtes pour l’essai destruction FDH16
- Le comptage des levées du froment pour l’essai destruction FDH15 et FDH16
- Le comptage des levées du froment pour l’essai couverture de sol FDH16
- Le comptage des épis de froment pour l’essai destruction FDH16
- Le rendement du blé pour l’essai destruction FDH15 et FDH16
- La teneur en humidité des graines pour tous les essais
- Le poids spécifique des graines pour l’essai destruction FDH16
- Le PMG des graines pour l’essai couverture de sol FDH15
- Le PMG des graines pour l’essai destruction FDH16
Evaluation économique:
Comparaison économique des modalités de destruction et de semis:
L’évaluation économique est réalisée sur l’essai destruction FDH16.
Au vu de ces résultats, on remarque que la modalité semis direct à disque est la plus économique. Par comparaison, toutes les autres modalités, diminuent la rentabilité de la culture. La perte de rentabilité la plus élevée est réalisée avec la modalité broyeur + déchaumage à dent + rotative semoir. En effet, comparé au semis direct à disque, un écart de 159 €/ha est observé entre ces deux modalités.
Comparaison économique des trois fumures azotées
Dans le tableau ci-dessous, une analyse de rentabilité de fertilisation du froment est dressée. Pour ce faire, la rentabilité de la fertilisation supplémentaire est calculée à l’aide :
- Du gain de rendement obtenu grâce à la fertilisation azotée supplémentaire,
- Du coût de la fumure azotée supplémentaire,
- Du produit réalisé à l’aide du gain de rendement.
Pour obtenir la rentabilité, on soustrait du produit le coût de la fumure azotée supplémentaire. Un résultat positif signifie une fertilisation rentabilisée et au contraire, un résultat négatif traduit une perte d’argent.
La fertilisation de 150 U d’azote n’est pas rentable comparé à 100 U. En effet, le gain de rendement observé ne suffit pas pour compenser le coût d’un apport de 50 U supplémentaires. Ces 50 Unités en supplément font diminuer la marge brute de la culture à raison de 26,70 €/ha.
Evaluation environnementale :
Les profils azotés réalisés durant les essais ont prouvé que les couverts implantés ont bien joué leur rôles piège à nitrates. Ceci nous confirme que couvrir les sols joue un rôle bénéfique pour l’environnement. En effet, au lieu de se retrouver dans les nappes phréatiques, dans les rivières, … l’azote est capté par les couverts végétaux. Les impacts négatifs sur l’environnement (eutrophisation des eaux, …) seront donc évités. De plus, ces couvertures végétales vont limiter les risques d’érosion et favoriser la vie du sol.
Conclusion et perspectives
Ce travail visait à comparer plusieurs types d’intercultures courtes, plusieurs fertilisations azotées et plusieurs techniques de destruction de couvert et de semis de froment. Cette comparaison s’est faite au niveau agronomique, économique et écologique.
D’un point de vue économique, la modalité semis direct à disque est la plus rentable. Néanmoins, les essais avec ce type de semis doivent encore être renouvelés. En effet, les conditions climatiques ne cessent de changer d’année en année. Il est donc important de vérifier les résultats sur plusieurs années.
L’essai fertilisation nous a permis de montrer qu’une fumure à raison de 100 unités d’azote était suffisante après de telles intercultures. La répétition d’un tel essai est également importante. On pourrait imaginer après quelques années d’essai un guide de fertilisation azotée pour une culture de froment qui précède un pois de conserverie.
Sur le plan agronomique, les intercultures courtes sont très intéressantes pour capter l’azote présent dans le sol et ensuite le restituer à la culture suivante. Durant les prochains essais, il serait intéressant de rechercher des intercultures qui se minéralisent encore plus facilement notamment des mélanges riches en légumineuses. Ceci ayant pour but de faire davantage d’économies sur la fumure azotée.
Au niveau environnemental, les profils azotés des deux années d’essai nous confirment le rôle de piège à nitrates des différentes intercultures courtes testées. Ces dernières jouent donc bien un rôle important pour l’environnement.
Pour rappel, il est obligatoire d’implanter une interculture courte après une culture de pois de conserverie récoltée avant le premier août. Beaucoup d’agriculteurs considèrent que cette obligation est une contrainte. Néanmoins, lorsque ces intercultures courtes sont implantées et gérées de manière optimale, elles n’apportent que des avantages. Ces obligations sont donc un atout sur le plan agronomique, économique et environnemental.
Le mémoire sur "Impacts et gestions de différentes intercultures courtes entre une culture de pois de conserverie et une culture de forment", peut être téléchargé dans son intégralitéTravail de Fin d'étude Simon Cloet (8.01 Mo)