Colza associé 2019

Depuis 2011, Greenotec met en place des essais ou des suivis de culture de colza associé dans le but de cerner tous les avantages que ces pratiques pourraient amener à l’agriculture wallonne. Ce rapport présente les essais menés par l’ASBL durant la saison 2018-2019, sur plusieurs parcelles en Wallonie.

Tableau synthèse Colza associé 2019

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Dispositif expérimentale Corbais

Plan Corbais

Analyse et interprétation des résultats

 

Ravageurs : Stade cotylédon du colza

Le comptage des morsures provoquées par les altises s’est fait début septembre lorsque le colza a atteint le stade cotylédonaire. Les comptages ont été effectués le 12 septembre pour Corbais et le 13 septembre pour Gerpinnes.

Le graphique suivant traite du pourcentage d’attaques mesuré dans les essais de Gerpinnes en fonction des modalités. On remarque que dans les deux modalités associées, le colza associé présente un taux d’attaques nettement plus bas que le colza seul. Dans l’essai de Gerpinnes, les couverts associés ont un taux d’attaque de 14 à 17% (49% pour le colza pur), soit une diminution de 65 à 71 % par rapport au témoin.

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La Figure ci-dessous, nous montre le pourcentage d’attaques d’altises dans l’essai à Corbais. Dans ce cas-ci, les couverts associés ont un taux d’attaque de 28 à 38% (56% pour le colza pur), soit une diminution de 37 à 50% par rapport au témoin. Les couverts associés ont donc été plus performants à Gerpinnes qu’à Corbais. La date de semis plus précoce à Gerpinnes (6 jours de différence), entrainant un plus gros développement des plantes compagnes et donc un effet dilution renforcé, pourrait expliquer une partie de ces résultats.

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Nous observons sur le graphique ci-dessous, une tendance à la diminution des attaques d’altises lorsque la densité de plante augmente. Un approfondissement de ces résultats est envisagé pour essayer de comprendre les mécanismes en œuvre.

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Ravageurs : Durant l’hiver

Pour passer l’hiver, les larves d’altises se logent dans les pétioles du colza. En sortie d’hiver, On procède au comptage de ces larves via un test de Berlèse afin d’identifier les modalités les plus infestées. Les larves d’altises peuvent provoquer de gros dégâts sur les colza en diminuant les flux de sèves, et ce, dès que les températures deviennent plus douces.

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On peut remarquer que la population de larves de grosses altises est très élevée. Cette abondance s’explique par l’automne très doux qui a provoqué l’accentuation de ponte. On remarque également, que les colzas purs (N1 et témoin) ont systématiquement plus de larves par plantes que les colzas associés. Les plantes compagnes ont donc un impact négatif sur les pontes des altises et cet impact est d’autant plus marqué que la pression de ravageur est élevée (Corbais et Verlaine).

Evaluation de la biomasse du colza et des couverts associés

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On observe sur la figure ci-dessus que les colzas purs sont en grand majorité plus développés que les colza associé. Les plantes compagnes exercent donc une légère concurrence sur le colza

Concernant l’essai de Bois-de-Villers, on observe une biomasse du colza associé très faible, due à un fort développement d’adventices.

La date de semis joue également un rôle important dans le développement des colzas et des plantes compagnes : plus les dates de semis sont tardives plus les biomasses des colzas associés sont faibles.

46Le graphique ci-dessus nous montre la matière sèche produite par le colza et les légumineuses ayant été raccourci chimiquement (RAC) ou non sur l’essai de Corbais. Le raccourcisseur a eu un effet très marqué sur les colzas associé, déjà stressé par l’association, mais très peu sur le colza seul. Nous n’avons pas d’explication concernant le colza pur.

Evaluation de la biomasse des plantes compagnes en fonction de l’année

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Nous avons cumulé l’ensemble des mesures de biomasses de plantes compagnes depuis le début des essais en 2012. Nous remarquons en premier l’importance de l’effet année, les biomasses étant fortement influencées par les conditions météorologiques de la fin de l’été. Alors que les années 2012, 2015 et 2018 produisent des biomasses relativement élevées, entre 0,92 et 1,28 T/ha en moyenne, les années 2013, 2014, 2016, 2017 et 2019 produisent entre 0,3 et 0,61 T/ha en moyenne.

On peut également mettre en évidence l’effet couvert. Tous les mélanges ne produisent pas la même biomasse et ce sont ceux contenant de la féverole qui produiront le plus de biomasse. On remarque aussi que les couverts ne se sont pas des mieux développés en 2019 dû au problème de sècheresse ayant ralenti la croissance de ces dernières.

Mesures des nitrates dans le sol

Des reliquats azotés ont été effectué en sortie d’hiver dans l’essais de Corbais. Pour rappel le témoin est la modalité N1 alors que N3 et N7 sont des modalités associées. L’ensemble des profils révèlent des reliquats assez faibles et assez homogène, compris entre 10.1 et 20uN/ha. Ce sont tout de même les colza associés qui obtiennent les reliquats azotés les plus hauts, dû à la présence de légumineuses gélives, qui ont commencé à se décomposer. Le mélange N7, fort diversifié et productif est celui qui a libéré le plus d’azote

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Effet pâturage de moutons (Essais Corbais)

L’essai situé à Corbais possède la particularité d’avoir des modalités pâturées par des moutons entre le 22/10/18 et le 2/11/18. Les T1, T2, T3 ET T4 sont les périodes de pâturage (voir plan de l’essai). En voici quelques résultats :

Ravageurs

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La Figure ci-dessus nous montrent que le pâturage des moutons n’a pas eu l’effet escompté sur la gestion des ravageurs du colza. En effet, on observe une influence nulle voire une augmentation des larves d’altises dans la majorité des cas. Néanmoins, en remettant ces résultats dans le contexte météorologique, on peut émettre comme hypothèse que le pâturage n’a pas eu l’effet escompté étant donné qu’il a été réalisé au mois d’octobre. Or les conditions météorologiques étaient propices aux altises jusqu’en novembre. Ce qui veut dire que les pontes ont continuées encore après le pâturage. On voit sur le graphique que les blocs T1 et T2 ont un nombre plus important de larves par rapport au témoin avec ou sans régulateur.

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En broutant le colza et les plantes compagnes, très appétantes, les moutons ont laissé libre champ aux altises. Nous remarquons sur le graphique ci-dessus que plus le pâturage a été effectué tôt dans la saison, plus les larves sont nombreuses dans les pieds de colza car les plantes compagnes ont pu jouer leur rôle perturbateur moins longtemps.

Rendements

On remarque que les modalités sans pâturage présentent les meilleurs rendements et ce quel que soit l’association. La modalité avec régulateur de croissance présente le meilleur rendement pour chaque modalités. Cette perte de rendement est toutefois minime par rapport au gain apporté par le couvert associé. On remarque également que plus le pâturage a été effectué tard dans la saison, plus il a un impact négatif sur le rendement. Cependant, la modalité T3, qui a été pâturé durant 2 jours seulement, présente un rendement plus élevé que les autres modalités pâturées.

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Les modalités pâturées montrent un rendement moindre par rapport au schéma classique. Dans le cas où l’éleveur et l’agriculteur sont une seule et même personne, le gain obtenu grâce au pâturage du couvert peuvent aider à compenser la perte de rendement occasionnée.

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Rendements des essais Colza associé

Comme nous pouvons le voir sur les figure ci-dessous, les essai de Corbais et de Bois-de-Villers présentent des rendements plus élevé en colza associé. Des gain allant de 430 à 1110 kg/ha. Cependant les modalités de Fromiée (Gerpinnes), Ocquier et Verlaine présente un léger déficit allant de 70 à 230 kg/ha.

 

 

Bois de Villers

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On observe à Bois-de-Villers une différence de 210 kg/ha entre le colza pur et le couvert associé Symbio.

Une erreur de réglage avait entrainé le semis du colza à 19kg/ha, à la place de 1.9kg. Cette modalité, bien que versée à la récolte, a permis d’obtenir un rendement supérieur par rapport à une densité de semis classique. Cette modalité a obtenu 660 kg/ha en plus par rapport au témoin et 450 kg/ha par rapport à la Symbio® en densité normale. Ce gain de rendement ne compense pas le surcout de semences (~300€/ha).

Corbais

On observe dans les essais à Corbais que le régulateur a eu un effet légèrement positif sur le rendement. Nous observons également que la modalité N7 obtient le meilleur rendement en colza. Colza qui était dans ce cas, associé avec de la féverole d’hiver, non récoltée avec la moissonneuse expérimentale de Redebel, les résultats ci-dessous sont donc les résultats sans la féverole. Pour savoir la quantité de féverole dans la modalité N7, nous avons récolté avec une moissonneuse classique, vidé dans un big bag et trié. Nous avons obtenu 11% en poids de fèverole dans le colza. Cependant cette valeur est sous-estimée étant donné que toute la modalité N7 a été récoltée en une fois et donc la partie pâturée présentait visuellement moins de féverole. Ces féveroles étaient visuellement saines et non perforées par la bruche.

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Ocquier

Le colza à Ocquier présentait des biomasses plus élevées en entrée d’hiver dans les modalités colza seul. La biomasse des légumineuses était faible surtout en trèfle d’Alexandrie et lentille. La sécheresse après le semis a freiné le bon développement de ces dernières.

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La modalité colza associé Symbio avec de la féverole avait une biomasse inférieure du colza par rapport au témoin. Mais grâce à la biomasse des légumineuses et particulièrement de la féverole, cette modalité a eu un rendement nettement supérieur à la modalité Symbio seul et légèrement inférieur au témoin. Nous n’avons pas d’explication claire quant aux différences de biomasses et de rendement obtenus. Cela pourrait être dû à une trop faible densité de semis de colza dans la modalité Ass Symbio, un gradient de fertilité dans la terre ou de mauvaises manipulations lors des opérations de récoltes.

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Verlaine

La modalité de Verlaine présente une différence minime de 70 kg/ha entre le colza associé et le témoin. Les plantes compagnes étaient très peu développées à l’automne, dû à de très gros reliquats azotés lors du semis, favorable au colza. L’agriculteur à également fortement fertilisé le colza au printemps, ce qui ne permet pas de mettre en évidence l’effet engrais vert des légumineuses.

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Froment après colza

Nous avons continué à suivre trois essais colza 2018 pour mesurer l’impact des plantes compagnes sur la culture suivante, l’année n+1. Les résultats des années précédents avaient montrés des gains de rendement allant de 2 à 4 qx/ha (voir rapport de recherche CDH18). Cette année, les gains vont de 1.35qx/ha à Clavier à 4.7qx/ha à Terwagne.

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À Corbais, les rendements varient de -1.3qx/ha à + 2.3qx entre la modalité la plus élevée et la modalité la plus faible, par rapport au témoin. Le graphique nous montre également qu’il n’y a, dans ce cas-ci, pas de lien précis entre le rendement du colza et le rendement du froment l’année n+1.

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Conclusion

L’objectif de ce travail était de comparer l’itinéraire technique d’une culture innovante, le colza associé, avec celui du colza en culture pure. Des comparaisons ont été réalisées à plusieurs niveaux, que ce soit agronomique, environnemental ou économique.

Lors de cette huitième année d’expérimentation en colza associé, nous avons pu mettre en évidence l’impact non négligeable des plantes compagnes sur les bio-agresseurs tels que la grosse altise. Cette technique perturbe les altises et les différents résultats montrent une diminution des attaques des cotylédons. Cet effet est d’autant plus marqué que la culture est implantée suffisamment tôt. Cette perturbation entraine également une présence de larves dans les colzas plus faible que dans le colza pur. Ainsi, la pression des ravageurs et de leur agression se voit diminuée dans un colza associé. Ceci permet une diminution de l’utilisation d’insecticides. Ce qui, dans le contexte de la campagne 2019, est intéressant étant donné que les années sèches sont propices aux insectes.

Une date de semis précoce permet d’augmenter la biomasse produite par les plantes compagnes et de maximiser leurs effets. La féverole de printemps a encore montré de belles aptitudes quant à son potentiel de production de biomasse et la féverole d’hiver a donné de très bons résultats pour une association moissonnable avec le colza. 

Les deux nouveautés des essais 2019 étaient le pâturage par les ovins et l’introduction de légumineuses non gélives à grain. Concernant le pâturage par les ovins, l’essai 2019 a démontré la faisabilité technique du cette technique prometteuse. Les avantages agronomiques doivent encore être affiné pour que des partenariats Win-Win puissent s’établir entre agriculteur et éleveur. Si la collaboration avec le Cra-w et le Collège des producteurs se maintient, nous pourrons réétudier cette technique lors de la future saison d’essais. Les associations de colza avec des féveroles d’hiver et du pois d’hiver ont donnés des résultats contrastés. Les sources d’échecs ont été identifiées et ces essais seront surement poursuivis la saison prochaine.

La plupart des essais de la saison culturale 2019-2020 ont déjà été implantés. Grâce au partenariat avec le Gal entre Sambre & Meuse et Protect’eau, nous avons pu fournir des semences de légumineuses gratuites à 9 agriculteurs du Gal, 9 essais ont été mis en place dans une même région.  Des comptages d’adventices et des suivis de dégâts de ravageurs sont en cours pour déterminer la diminution potentielle de pesticides.

Vu les résultats obtenus dans la culture de froment en année n+1, nous continuons à suivre ces essais sur 2 ans.

Mémoire : Etude de la technique du colza d'hiver en culture associée de Marie-Aline de Smidt

Taille : 5.54 Mo

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Remerciements

Ces essais résultent d’une collaboration entre l’ASBL Greenotec, des agriculteurs membres de l’ASBL (pour la mise en place des plateformes d’essai).

L’ASBL Greenotec tient à remercier Marie Aline de Smidt, pour son travail et le suivi des essais tout au long de la saison, le CIPF pour la mise a disposition de leurs étuves ainsi que le SPW et la DGARNE pour son soutien à l'ASBL Greenotec.