Impacts technico-économiques du non-labour en Wallonie

1. Introduction

Si la réduction des charges de mécanisation et la rapidité d’exécution sont deux arguments prônés par les adeptes du non-labour, bien peu de références existaient jusqu’à présent pour tenter d’objectiver les impacts technico-économiques dans les conditions pédoclimatiques wallonnes.

En 2009 et 2010, deux étudiants y ont consacré leur travail de fin d’études en collaboration avec l’ASBL Greenotec. Il s’agit respectivement de Samuel Pauly (diplômé en 2009 de l’ISIa de Huy) qui s’est concentré sur la Province de Liège et de Grégoire Dieryck (diplômé en 2010 de la HEPH-Condorcet à Ath) qui s’est intéressé au Hainaut.

Ces évaluations technico-économiques n’auraient pas été possibles sans la fructueuse collaboration avec une trentaine d’agriculteurs en non-labour qui leur ont accordé leur confiance et leur temps, mais également avec l’équipe Economie et Systèmes d’Arvalis - Institut du Végétal (France). Qu’ils en soient tous vivement remerciés, au même titre que l’ensemble des personnes qui ont collaboré de près ou de loin à ces études et qu’il serait difficile de nommer in extenso.

2. La méthologie des études

2.1. Généralités

La méthodologie des études a été proposée par Arvalis - Institut du Végétal qui a pu l’éprouver à de nombreuses reprises dans le cadre d’études technico-économiques similaires en France. Pour chaque exploitation étudiée, il a été comparé sur divers paramètres la situation actuelle après adoption (partielle ou totale) du non-labour par rapport à une situation ancienne totalement en labour.

2.2. Les exploitations étudiées

La première tâche des travaux a été de sélectionner les exploitations qui feraient l’objet d’une analyse approfondie.

En complément d’un critère de localisation (en d’autres mots la sous-région agricole faisant l’objet des investigations), la sélection des exploitations réelles pratiquant du non-labour a également reposé sur un critère d’expérience (introduisant une certaine subjectivité malheureusement incontournable) : les agriculteurs devaient logiquement pouvoir témoigner en connaissance de cause sur les deux systèmes de travail du sol et les itinéraires techniques devaient être éprouvés avec succès tant en labour qu’en non-labour (rendements jugés au moins équivalents). Par contre, comme précisé plus haut, les fermes ne devaient pas obligatoirement pratiquer le non-labour sur la totalité de leur surface ou systématiquement chaque année.

Au total, ce sont 27 exploitations qui ont pu être analysées en Hesbaye liégeoise (code : HB), en Condroz liégeois (CZ), en Thudinie (TH), dans le Tournaisis (TO) et dans le Pays des Collines (PDC), avec des SAU consacrées aux cultures variant de 31 ha à 390 ha (moyenne : 130 ha). Les trois-quarts de ces exploitations développent à la fois une activité d’élevage et de culture, le quart restant ne se consacrant qu’à la polyculture. Les premiers à s’être lancés dans le non-labour se sont décidés en 1989, les derniers en 2005 mais on peut considérer qu’une ferme enquêtée sur deux avait fait ses premiers pas dans la technique avant 2000. Pour un quart des exploitations étudiées, la pratique des cultures intermédiaires s’est avérée une innovation en système non-labour et il a été décidé pour celles-ci (hypothèse de travail) d’en tenir compte comme un surcoût inhérent à la transition.

 

Sur base du taux actuel de pratique du non-labour et des modifications au niveau du parc matériel, les 27 fermes ont été classées en différentes stratégies de non-labour (voir tableau ci-dessous).

 

  • La stratégie baptisée « non-labour partiel » regroupe neuf exploitations où la pratique du non-labour, opportuniste (sans aucune considération péjorative), varie entre 50 % et 90 % selon les cultures et/ou selon les années en fonction des conditions météorologiques. Aucun matériel n’a été revendu.
  • La stratégie « non-labour maximum » (que l’on aurait également pu dénommer « maximum autorisé ») est celle de quatre autres fermes où les cultures ne sont presque plus labourées à l’exception de celles pour lesquelles un labour obligatoire est clairement stipulé dans un contrat (typiquement les cultures de lin et de pomme de terre) ou quand les conditions de semis à l’arrière-saison deviennent vraiment trop médiocres. Aucun matériel n’a été revendu lors de la transition.
  • Dans la stratégie « non-labour total (quasi) » suivie par neuf agriculteurs, la question de ressortir la charrue ne se pose plus car elle a été revendue au même titre que divers outils typiquement utilisés en reprise de labour, comme les canadiennes. Très exceptionnellement, un labour peut être réalisé en fin de saison mais en louant la machine d’un voisin ou en confiant le travail à une entreprise agricole.
  • Enfin, la dernière stratégie observée dans cinq fermes a été qualifiée de « non-labour rapide » : le labour fait désormais partie du passé, tout le parc matériel adapté au labour a été revendu de même que la herse rotative pour investir en contrepartie dans un semoir rapide (vitesse : 15 - 20 km/h) et un outil polyvalent permettant de travailler le sol sur des profondeurs allant généralement de 5 cm à 25 cm.

Toutes les stratégies exigent des semoirs équipés de disques pour semer dans des résidus végétaux. En ce qui concerne les matériels destinés à corriger les défauts de structure dans les trois premières stratégies, on note une grande diversité parmi les choix des agriculteurs, allant d’outils classiques (type déchaumeur à dents et à disques dont les dents à ailettes sont remplacées par des fines pointes) à des outils spécifiques alliant sur un même châssis une poutre et une fraise rotative, en passant par des décompacteurs mono ou bipoutre. On note également (mais non systématiquement) chez certains adeptes des investissements complémentaire comme des semoirs à la volée ou des déchaumeurs à disques indépendants.

Stratégie non-labour Nombre d'exploitations Taux adoption non-labour Revente de matériel  Equipement en matériel TCSL
Matériel spécifique labour  Autre matériel revendu Semis dans résidus végétaux Travail profond du sol sans retournement Autre matériel éventuel
 Partiel  9  50 % - 90 %  Aucun matériel revendu  Cr hpim2488

Cr fumal 07

Cr pontillas 27 08 2010 francois j 3

Cr melles 31

Cr crogn wagnelee 20

Cr loyers 03

 Maximum  4  90 % - 99 %  Aucun matériel revendu 
 Total (quasi)  9  95 % - 100 %

Cr fexhe slins 20 11 2010 dupuis p 10

Cr c1 5

 
 Rapide  5  100 %  Cr meux 24  Cr maleves sainte marie wastines 24  Cr saint gery 18  

2.3. L'outil de calcul des coûts de production Competi-LIS©

Les évaluations technico-économiques ont été réalisées grâce au logiciel Competi-LIS© développé par Arvalis - Institut du Végétal. Le Service Economie et Systèmes de cet organisme français de recherche agronomique a en effet mis au point un outil informatique de calcul des coûts de production et des marges (brutes, directes, nettes) des cultures d’une exploitation. L’outil permet de faire des simulations permettant de mesurer l’impact d’une variation des rendements, des prix ou de tout autre élément. Il est fréquemment utilisé dans le cadre d’animation de groupes d’agriculteurs souhaitant mener une réflexion sur la maîtrise de leurs charges (contact : Marc Berrodier m.berrodier@arvalisinstituduvegetal.fr).

Dans les deux études réalisées en Wallonie, le potentiel du logiciel n’a pas été pleinement exploité. En effet, pour chaque comparaison de situation labour / non-labour, le calcul s’est limité à trois paramètres : le capital investi en matériel (EUR/ha), les charges de mécanisation par culture (EUR/ha) et le temps de chantier (minutes/ha.an).

Il est à noter que depuis la fin de l’année 2009, le calcul des charges de mécanisation d’une exploitation peut également être réalisé à l’aide du logiciel Mecacost développé par le Département Génie rural du Centre wallon de Recherches agronomiques à Gembloux (informations complémentaires : http://mecacost.cra.wallonie.be).

Sans rentrer dans les détails, il est tout de même utile de préciser quelques hypothèses de calcul du logiciel pour les charges de mécanisation par culture, outre qu’elles sont logiquement la somme du coût des travaux réalisés par entreprise et des charges de mécanisation des travaux réalisés par l’agriculteur. Plus précisément, celles-ci tiennent compte des facteurs suivants :

 

  • L’amortissement du matériel. Dans le cas présent, il s’agit d’un amortissement technique et non pas comptable, càd que l’amortissement est calculé sur toute la durée de vie du matériel. Celui-ci il est remplacé par du matériel équivalent neuf soit quant il est complètement usé, soit quand il est considéré comme complètement obsolète. 
  • Les frais financiers liés à l’achat du matériel courent sur des durées de 9 ans à un taux de 4 %.
  • Le prix du carburant est forfaitairement fixé à 0,5 EUR/litre.
  • Des frais d’entretien et de réparation sont également comptabilisés (données fournies par une base de données adossée au logiciel de calcul et régulièrement remise à jour).

3. Résultats technico-économiques

Afin de faciliter la lecture des résultats, une trame identique est utilisée pour chacun des graphiques présentés par la suite. Les 27 exploitations sont à chaque fois regroupées par stratégie de non-labour, et au sein d’une même stratégie, elles sont classées par SAU croissante (il faut toutefois préciser qu’on rencontre au sein de chaque stratégie des SAU de 80 ha à 200 ha ou plus).

3.1. Capital investi en matériel

Le premier impact qui a été étudié est l’évolution du capital investi par hectare (graphique de gauche - cliquer dessus pour l’agrandir à l’instar de ceux présentés ci-dessous) directement liée aux choix de l’agriculteur quant à son parc matériel.

Assez logiquement, les agriculteurs qui investissent dans du matériel de non-labour sans aucune revente en contrepartie voient leur capital investi augmenter (cas des stratégies « Partiel » et « Maximum » avec un parc matériel double). Dans les deux derniers scénarios, la transition peut se solder par une réduction de ce capital mais pas systématiquement. On notera que les diminutions les plus importantes sont observées pour la stratégie « Rapide » dans deux fermes où le passage au non-labour a permis de revendre un tracteur devenu inutile. A l’inverse, l’augmentation la plus importante a été notée dans une ferme où l’agriculteur a estimé que l’achat d’un tracteur plus puissant avait dû être consenti lors de la transition non-labour pour tirer un décompacteur gourmand en énergie.

3.2. Charges de mécanisation

L’impact de la transition non-labour sur les charges de mécanisation (tenant compte de l’investissement en matériel, mais également de tous les postes détaillés plus haut) est présenté, toutes cultures confondues, dans le graphique de gauche. Les réductions les plus importantes sont observées dans la stratégie « Rapide » (réduction en moyenne de 60 EUR/ha), puis dans la stratégie « Total (quasi) » (réduction de l’ordre de 30 EUR/ha). Dans les deux premières stratégies, la réduction est quasi toujours inférieure à 20 EUR/ha. On notera également que le passage en non-labour s’est soldé dans 6 fermes sur 27 par une augmentation des charges : ce sont toutes des exploitations qui ont consenti des investissements qui n’ont pas été contrebalancés par des économies équivalentes sur le carburant, etc.

L’analyse de l’impact sur les charges de mécanisation culture par culture apporte une information complémentaire intéressante présentée dans le tableau de gauche.
Les principales cultures pratiquées par les 27 exploitations analysées sont regroupées par catégories (céréales, cultures industrielles et pomme de terre, cultures maraîchères et cultures fourragères). Quand l’impact de l’adoption du non-labour sur les charges de mécanisation pour la culture (exprimé en EUR/ha) est nul ou faible, la case correspondante est blanche. Elle est coloriée en vert quand la transition se solde par une diminution des charges d’autant plus foncé que l’impact est important. Le rose et le rouge sont utilisés dans le cas contraire.

Dans presque toutes les exploitations, que l’adoption des TCSL soit partielle ou totale, les céréales d’hiver sont très majoritairement implantées sans labour, sur des préparations de sol fréquemment moins intenses que celles de la charrue ce qui se solde par une diminution de charges de mécanisation de plusieurs dizaines d’euro par hectare dans bon nombre de situations. Plus particulièrement, c’est l’escourgeon qui permet les réductions les plus intéressantes (il faut rappeler qu’il s’agit d’un calcul économique ne tenant pas compte par exemple de la difficulté de gérer les repousses de la céréale précédente en non-labour quand l’escourgeon vient en deuxième paille). Le colza d’hiver en non-labour entraîne un impact favorable similaire.

Pour les cultures industrielles et la pomme de terre, on note clairement une différence selon les stratégies de non-labour : les exploitations 100 % non-labour (stratégies « Total (quasi) » et « Rapide ») connaissent généralement des réductions de charge parfois très importantes tandis que les fermes des exploitations « Partiel » ou « Maximum » connaissent fréquemment un surcoût. La raison en est relativement simple. Au sein de ces fermes, ce sont souvent les cultures industrielles (lin, pomme de terre) qui continuent d’être labourées ne fût-ce que pour des raisons contractuelles alors que les céréales ne le sont plus : le matériel de labour n’étant plus amorti que sur une superficie réduite, les charges de mécanisation à la culture labourée s’en voient augmentées. Un constat similaire peut être réalisé pour les cultures maraîchères. A titre anecdotique, on notera également que la période de semis du légume, fonction des plannings de l’usine, peut décider de la conduite en labour ou non-labour et influencer dans un sens ou l’autre l’impact sur les charges de mécanisation. Il en est ainsi du pois de conserverie en Province de Liège (exploitations HB et CZ) souvent obligatoirement labouré en Hesbaye (semis précoces nécessitant un ressuyage rapide du sol au printemps) alors qu’il peut être judicieusement cultivé sans labour dans le Condroz (semis tardifs pour lesquels la conservation de l’eau du sol peut être un facteur clé).

3.3. Temps de chantier

Un dernier paramètre très important à prendre en considération est celui de l’impact de la transition (partielle ou totale) sur le temps de chantier (graphique de gauche). Dans quasi toutes les exploitations enquêtées, la pratique des TCSL a permis de le diminuer. Une exploitation sur deux connaît une réduction d’au moins 45 minutes par hectare et par an, le maximum observé étant de 120 minutes par hectare et par an (cas extrême d’une exploitation condrusiennes aux terres très difficiles et où le labour était tout sauf une sinécure). On notera que les stratégies « Total (quasi) » et « Rapide » s’équivalent globalement sur les temps de chantier totaux : en effet, les semoirs rapides sont bien souvent précédés d’un premier passage d’outil pour ouvrir le sol (deux passages donc) tandis que les semis avec un combiné poutre / herse rotative / semoir, souvent rencontrés dans la stratégie « Total (quasi) », permettent de le faire certes moins rapidement mais en un seul passage.

Cette réduction quasi systématique du temps de chantier se double d’une modification d’une répartition au sein de l’année (exemple présenté dans le graphique de gauche pour une exploitation hesbigonne) avec une concentration des travaux en système non-labour entre la mi-août (fin des moissons) et la mi-septembre (deadline légal pour l’implantation des cultures intermédiaires) dont l’intérêt est à raisonner au cas par cas. 

Ainsi, dans une exploitation combinant culture et élevage, il peut être intéressant de concentrer en été ses travaux aux champs pour se consacrer pleinement à son bétail en hiver. Par contre, dans de nombreuses exploitations employant des ouvriers, le chef d’entreprise préfère bien souvent une occupation aussi régulière que possible tout au long des saisons et limiter les pics de travail demandés au personnel.
On peut également soulever la question de la valorisation « monétaire » de ce gain de temps de chantier. Si le gain de temps permet de se consacrer à d’autres travaux rémunérateurs (prestation d’entreprise agricole par exemple), il y en effet un intérêt potentiel. Les fenêtres climatiques d’intervention en non-labour étant cependant plus réduites, le potentiel de débit de chantier ne peut toutefois être valorisé que sur des périodes restreintes lors des saisons difficiles.

Critiques de la méthodologie

Toute étude présente des faiblesses, et les études technico-économiques réalisées dans le cas présent n’y échappent pas.

Un premier lot de critiques est inhérent au logiciel mais encore plus aux hypothèses de simulation qui ont été prises au début du travail : la non-prise en considération d’équipements complémentaires que beaucoup estiment indispensables en TCSL (dont des pneumatiques basse pression), l’hypothèse que tout le matériel est acheté à neuf dans les deux systèmes (ce qui est rarement le cas en réalité) et celle que dans un quart des fermes étudiées, la pratique des cultures intermédiaires est spécifique au système non-labour alors qu’elle a tendance à se généraliser, ne fût-ce que pour des raisons législatives.

Une deuxième catégorie de critiques pourrait porter sur le niveau d’investigation des études. Les charges de mécanisation ne constituent qu’un élément du coût de production et l’impact de certains facteurs n’a pas pu être comptabilisé, comme l’impact potentiellement positif de la réduction du temps de chantier qu’il aurait été difficile voire impossible de monétariser de même que celui de l’impact sur le poste « produits phytosanitaires » qui mériterait que l’on s’y attarde dans un avenir proche.

Les trois conférences au cours desquelles ont été présentés ces résultats en décembre 2010 ont été également l’occasion de démontrer une nouvelle fois, si besoin en était encore, que l’évaluation de l’impact d’une transition au non-labour sur les rendements continue de faire l’objet de débats passionnés (passionnels ?) entre les adeptes et les détracteurs. Aux premiers de certifier au moins une équivalence des rendements après parfois quelques années de transition plus compliquées et un droit à l’erreur quasi nul, aux seconds d’arguer que les résultats des expérimentations scientifiques ne vont pas toujours dans le sens de leur optimisme. Mais presque tous d’accepter que les conditions météo et édaphique (càd relatives au sol) ont un effet déterminant sur les résultats annuels et obligent dès lors l’agriculteur intéressé d’évaluer la performance agronomiques des techniques à l’échelle de sa propre exploitation et ce, sur une période d’au moins de cinq ans !

Et puis, quelque soit le niveau d’investigation des études, il restera toujours des facteurs impondérables, comme l’impossibilité de chiffrer certaines impasses techniques (humidité excessive en fin de saison empêchant de semer les derniers hectares de froment d’hiver en non-labour : quel coût ?), certaines impasses organisationnelles (charge de travail extrême pour un agriculteur suite au décès d’un proche parent ne permettant plus d’envisager le semis qu’en un seul passage : quel bénéfice ?), ou encore le « bénéfice vérité » de certains impacts positifs du non-labour en matière de lutte contre l’érosion par exemple.

5. L'essentiel à retenir

Des deux travaux de fin d’études qui ont visé à caractériser les impacts technico-économiques de l’adoption (partielle ou totale) de techniques culturales sans labour au sein d’une petite trentaine d’exploitations réelles d’agriculteurs situés en Province de Liège ou en Hainaut, il ressort les conclusions suivantes, moyennant les hypothèses de travail qui ont été définies.

La pratique de techniques culturales sans labour implique une augmentation du capital investi quand la transition est partielle avec maintien du matériel initialement présent sur l’exploitation (système mixte et donc parc matériel double). Une réduction de capital n’est (logiquement) envisageable qu’en cas de revente de matériel et donc de pratique totale (ou quasi-totale) du non-labour. Cependant, les choix de l’agriculteur au niveau du matériel de traction apparaissent souvent prépondérants par rapport à ses décisions quant aux outils de travail du sol.

En ce qui concerne les charges de mécanisation, il a été observé en général des économies en non-labour toutes cultures confondues, d’au moins 20 EUR par hectare dans la moitié des trente fermes étudiées et d’environ 60 EUR par hectare quand le système est poussé. Ces économies moyennes cachent cependant une grande variabilité selon les cultures : l’importance des cultures COP (céréales et oléo-protéagineux) dans la rotation est un facteur renforçant ces économies, la proportion de plantes racines et la présence de cultures obligatoirement labourées les amenuisent voire conduisent à une augmentation des charges.

Enfin, pour ce qui est du temps de chantier, l’adoption de techniques culturales sans labour, qu’elle soit partielle ou totale, se traduit quasi systématiquement par un gain de temps d’au moins 45 minutes par hectare et par an dans la moitié des fermes analysées. Ce gain de temps se double cependant d’une modification de la répartition du travail au cours des saisons dont la pertinence doit être évaluée au cas par cas.


Résumé rédigé le 23/02/2011 par S. Weykmans (ASBL Greenotec) sur base des travaux de fin d’études réalisés en 2009 par S. Pauly (ISIa Huy) et en 2010 par G. Dieryck (HEPH-Condorcet).

Références bibliographiques

DIERYCK G. (2010). Impacts technico-économique du « non-labour » dans trois régions du Hainaut : le Tournaisis, le Pays des Collines, la Thudinie. Travail de fin d’études présenté en vue de l’obtention du grade de Master en Sciences de l’Ingénieur industriel en Agronomie. Ath, B. : HEPH-Condorcet, 103 p. + annexes.

PAULY S. (2009). Etude technico-économique de l’adoption de pratiques culturales sans labour au sein d’exploitations de trois régions agricoles en Province de Liège. Travail de fin d’études présenté en vue de l’obtention du titre de Master en Sciences de l’Ingénieur industriel en Agronomie. Huy, B. : ISIa, 126 p. + annexes.

 


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