Essais 2019 - Buttes d'automne

Essai PDT Ligny

L’essai comparatif de l’impact de la date de formation des buttes en culture de pomme de terre, situé à Ligny résulte d’une collaboration entre les services extérieurs de Wavre du SPW, la cellule Giser de la Fiwap et l’ASBL Greenotec.  Le SPW, Giser, la Fiwap et l’ASBL Greenotec tiennent à remercier l’agriculteur, sans qui l’essai n’aurait pu être mis en place. Merci aussi à Florent Matheise étudiant à l'UCL pour les données sur les mychoryzes et l'aide fournit pour les prélèvements.

Contexte et objectifs

La culture de la pomme de terre est une des cultures les plus importante au niveau économique et surface emblavée mais également les plus problématique en région wallonne.

Les pommes de terre sont cultivées dans des buttes pour permettre la récolte des tubercules. Ces buttes sont généralement formées au printemps, au moment de la plantation et nécessite une préparation très fine du sol, de nombreux passages d’outils, qui endommagent la structure du sol et diminue sa capacité d’infiltration. Elles sont régulièrement réalisées dans le sens de la pente pour éviter le dévers des machines et la plantation se fait tardivement ce qui entraine une faible couverture du sol au printemps.

Toutes ces pratiques rendent la culture de la pomme de terre très sensible à l’érosion et cela est d’autant plus problématique que la pomme de terre est exigeante en produits phytosanitaires fongicides (risque de pollution de l’eau accru).

C’est en partant de ces constats que Greenotec a voulu mettre en place un essai sur des techniques plus respectueuses des sols et permettant potentiellement de limiter l’érosion.

Cet essai est un essai comparatif de travail de sol innovant en culture de pomme de terre (Essai Buttes d’été (automne)) ayant pour objectif de diminuer l’intensité de travail du sol. La formation des buttes en fin aout permet de réaliser les travaux de sol dans de bonnes conditions (sol bien réessuyé, très portant). Un couvert d’interculture permet d’éviter la prise en masse de la butte durant l’hiver. Le buttage estival augmente la surface de contact sol-air et permet ainsi une meilleure pénétration du gel dans le sol ce qui renforce l’effet structurant de celui-ci, complémentaire à la structuration par les racines. Ces deux facteurs physiques (gel) et biotique (racines des couverts) remplacent les travaux mécaniques intensifs pour un résultat similaire voir supérieur au niveau de la structure du sol.  

Un deuxième objectif est d’associer des plantes de services en inter-rangs des pommes de terre dans le but d’y freiner l’érosion.

Dispositifs expérimentaux

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Plantation de pommes de terre en direct

Biomasse des couverts

Le couvert sur les buttes à produit en moyenne 3.6T MS/ha. Le couvert sur les buttes a produit plus de 800kg de MS/ha en plus que le même couvert à plat. Les prélèvements ont été effectué sur la même superficie (4*0.25m²). Les buttes avec le mélange de base phacélie (5kg/ha) et TA (5kg/ha) et fèverole 80kg/ha ont donné des résultats de biomasse totale supérieur de 250kg/ha par rapport au témoin à plat. Il y a eu un passage d’outils (le buttage) en plus, travaillant la terre sur les modalités buttées. Le fait que la butte se réchauffe plus vite et le travail de sol supplémentaire pourrait expliquer cette hausse de biomasse.

Pénétrométrie

Dix mesures aléatoires de pénétrométrie par parcelle ont été réalisée, donc chaque droite = le résultat de 30 mesures. Le graphe est jusque 50 cm puisque au-delà il y a trop de variabilité. C’est un graphe de la résistance à la pénétration (ou force appliquée ) en fonction de la profondeur. Ces mesures ont été prise fin aout 2019 dans les buttes.

On remarque que de 15 à 35 cm de profondeurs, il y a plus de résistance pour les buttes SD, ce qui signifie que la butte est plus reprise en masse que les autres modalités. Au-delà de 40 cm ont a des fortes fluctuations.

 

Biomasse aérienne

Ici 2 m² de fanes ont été récoltées par parcelle, elles ont été pesées en échantillon humide et en sec. En faisant le rapport (échantillon sec/ humide) *2m² on a la biomasse sèche sur 2 m² puis on extrapole sur 1ha et voilà les résultats.

Mycorhizes

L'axe Y est le pourcentage d'observation d'arbuscule et de vésicules sur l'autre graphique. On voit que SD donne des résultats meilleurs en termes d’observations de vésicules et arbuscules donc que la colonisation mycorhizienne semble être plus importante. Pour un test statistique LAB-SD est différent significativement.

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Mesure du rendement et de la qualité technologique de la pomme de terre

Les rendements 2019 sont assez faible, les pomme de terre de variété Challenger ont fortement souffert du manque d’eau et du manque d’accessibilité des éléments en cette année de sècheresse. La modalité agriculteur est une modalité prise hors essai et qui correspond exactement à la modalité TCS dans l’essai, on observe des rendements presque identique. Le labour est supérieur de 3 tonnes au TCS et de 2 tonnes au SD. C’est la première année ou l’on a un aussi faible écart entre le labour et le SD. Par contre comme on peut le voir sur ce graphique et celui du dessous. On a pour la 3ème année consécutive de meilleurs rendement avec les buttes créent fin aout et remise à plat avec rotative avant la plantation (SD retravaillé).

La modalité SD était fort à la traine en 2017 dû à un problème de réchauffement de la butte, en 2018 dû à une plantation différée de 10 jours. En 2019, lorsque l’on a une plantation faite le même jour  avec des buttes étant aussi réchauffées que les autres modalités, on arrive à avoir des rendements décrochant moins.

La modalité buttes retravaillées a de très bon résultats durant les 3 années d’essais. Les buttes sont bien travaillée par les racines en profondeur durant l’hiver et on y observe une bonne structure avant la plantation. Avec un passage de rotative dans les buttes avant la plantation, les pomme de terre ont cette fine structure grumeleuse qu’elles affectionne pour se développer.

Photos du 24 juin 2019

Tare terre à la récolte

Comme en 2018, on observe beaucoup de tare terre en SD observé par la remontée de terre dans la machine. On peut voir clairement sur les photos ci dessous la différence de terre dans la machine. Un réglage de machine différent devrait être opéré pour récolter ce type de buttes. Mais il faut faire attention que ce réglage ne fasse pas plus de coup aux pomme de terre.

Conclusion

L’objectif de cet essai était de produire des pommes de terre dans un système de travail réduit du sol, plus respectueux de la structure et des organismes telluriques et donc potentiellement moins sujet à l’érosion et au ruissellement.

Cet objectif a été atteint avec de très bons résultats dans une des deux modalités en travail réduit (Buttes retravaillées) et des résultats moyen dans l’autre modalité (Buttes SD), la moins intensive en travail du sol. La structure ferme de la butte SD, peu adaptée à la tubérisation peuvent expliquer en partie les rendements moyen obtenus par cette modalité. Globalement, l’essai est concluant et encourageant pour le futur de ces techniques, que nous allons continuer à approfondir.

Nous avons également profité de cet essai pour comparer 2 témoins, un en labour et un en TCS. Dans ce cas-ci, on peut clairement dire que le travail simplifié a été pénalisant pour le rendement alors que le témoin labour, itinéraire utilisé par la plupart des agriculteurs a fourni un bon rendement sans que nous puissions en expliquer la raison.

Au niveau du ruissellement et de l’érosion, nous avons subi quelques problèmes dans la méthodologie et les mesures de l’eau ruisselée et terre érodée.

Un essai est déjà en place pour l’année prochaine. Nous comptons retester les mêmes modalités mais avec un couvert avant la plantation de pomme de terre plus performant. Nous comptons aussi améliorer le dispositif de quantification de l’érosion afin d’avoir des résultats plus précis.