Essais 2017 - Plantation direct dans buttes d'automne

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Essais pomme de terre en semis direct

Depuis longtemps, Greenotec tente de trouver des moyens pour améliorer les techniques de production de pommes de terre. Des essais sont menés actuellement pour réaliser des plantations de pommes de terre en direct dans des buttes d’automne.

Les pommes de terre sont sensibles à la structure du sol. L'automne étant la période optimale pour réaliser les travaux du sol, nous avons réalisé des buttes durant cette période et semé un couvert végétal (semis à la volée Avoine Blanche, Phacélie, Féverole).

Travail de sol en profondeur
Création de buttes

L’objectif de cet essai était de jouer sur la période de travail du sol pour améliorer la structure du sol et de laisser les racines des plantes, l’activité biologique et les agents climatiques effectuer le travail d'affinage.

Buttes + implantation couvert en Automne

On a réalisé à l’automne un déchaumage et un travail du sol profond avec un Horsch Tiger . Les buttes de pommes de terre sont non raffinées (avec une simple buteuse à cape).

Photos prises à la sortie de l'hiver.

Pdt buttes d automne
Galerie ver de terre
Pdt structure butte d automne

Buttes + couvert sortie d’Hivers (06/02/2017)

Aucun travail du sol n’a été réalisé après la création des buttes. Le semis du couvert avait été réalisé à la volée lors de la confection des buttes.

Les couverts ont été détruits par le gel. Un passage au Glyphosate a permis d’éliminer les repousses de céréales.

 

Pour venir implanter les pommes de terre, il a été nécessaire de modifier une butteuse à cape de deux rangs. Des disques coupes débris ont été installés, suivi de dents droites pour ouvrir la butte, suivi de tubes pour implanter la pomme de terre, et en dernier, la butteuse qui vient refermer la butte.

L’objectif était de ne pas devoir retravailler et de toucher au minimum la structure de la butte.

Buttes non retravaillées

Vidéo de présentation de la plantation direct dans les buttes mi-avril

Plantation Pomme de Terre en Semis Direct

Plan de l'essai

Prise des températures dans les buttes

Dès la plantation, la température des buttes SD a été inférieurs aux autres modalités qui ont été travaillées avant la plantation. Cette différence de température, fort marquée à la plantation (2.5°C de différence) s’est réduite à une différence comprise entre 0.3°C et 0.6°C durant les 2 mois puis d’est estompée lorsque les buttes ont été couvertes par les fanes de pommes de terre (environ mi-juillet).

Les différences de température ont eu une forte incidence sur la vitesse de développement des pommes de terre. On peut remarquer sur les figures 12 à 15 que les plants de pommes de terre des buttes SD sont largement en retard sur l’ensemble des autres modalités.

La température plus faible des buttes SD a également ralenti la minéralisation de la matière organique du sol et le relargage des éléments minéraux (N, K2O, P2O5). Cette moins grande disponibilité à limité la bonne nutrition des pommes de terre, au niveau croissance du feuillage et donc grosseur et nombre de tubercules.

 

Développement des pommes de terre au 14/06/2017 (2 mois après la plantation)

Buttes SD

Buttes retravaillées

Témoin agriculteur

Témoin labour

Rendement

 

Le graphique ci dessus illustre les rendements bruts et nets de chaque modalité. Comme annoncé par son retard de végétation, la modalité Butte SD, a obtenu un nettement moins bon rendement que les 3 trois autres modalités. Le témoin labour décroche lui aussi par rapport au témoin agriculteur et à la modalité Buttes retravaillées.

Les deux facteurs principaux qui semblent expliquer la perte de rendement de la modalité Buttes SD sont, comme déjà cité plus haut, le manque de vigueur au démarrage et le manque de minéralisation dans la butte. Ces deux facteurs sont intimement liés à la température interne de la butte qui a été légèrement mais constamment plus faible que les 3 autres modalités durant les 2 premiers mois de végétation.

Le témoin labour a dégagé un rendement moyen (46.4t/ha), c’est moins que la moyenne 2017 qui d’élève 55t/ha (La Fiwap, 03/11/2017). On peut expliquer ce résultat par une structure assez grossière et la présence de nombreuses mottes dans la butte, du au labour de printemps, combiné à la sécheresse générale de la saison.

La modalité Buttes retravaillées et le témoin agriculteur affichent des rendements similaires, très satisfaisants.

Poids sous eau

Charges

La consommation de carburant a été calculée pour la période allant du semis de l’interculture à la plantation des pommes de terre inclue. Elle est donnée à titre indicatif afin de se rendre compte des différences existants entre les modalités.

Comme pour la consommation de carburant, les charges de mécanisation sont calculées pour la période allant de du semis de l’interculture à la plantation des pommes de terre inclue. Dans cet essai, la modalité Buttes SD est clairement la moins couteuse au niveau des charges de mécanisation mais c’est également celle qui a produit le mois de rendement

Conclusions et perspectives

L’objectif de cet essai était de produire des pommes de terre dans un système de travail réduit du sol, plus respectueux de la structure et des organismes telluriques et donc potentiellement moins sujet à l’érosion et au ruissellement.

Cet objectif a été atteint avec de très bons résultats dans une des deux modalités en travail réduit (Buttes retravaillées) et des résultats moyens dans l’autre modalité (Buttes SD), la moins intensive en travail du sol. Globalement, l’essai est concluant et encourageant pour le futur de ces techniques, que nous allons continuer à approfondir cette année

L’essai mis en place pour la saison 2017-2018 sera équipé d’un dispositif de quantification de l’érosion et du ruissellement qui permettra de caractériser l’intérêt de la technique au niveau de ces problématiques.

Nous avons également profité de cet essai pour comparer 2 témoins, un en labour et un en TCS. Dans ce cas-ci, on peut clairement dire que le labour a été pénalisant pour le rendement alors que le témoin TCS, itinéraire utilisé et rodé par l’agriculteur à permis de produire le maximum de rendement.

La diminution du travail du sol permet une diminution de la minéralisation, qui peut être favorable pour limiter l’APL en fin de saison. Un suivi de l’azote disponible dans le sol et potentiellement lessivable en fin de saison sera donc également au cœur de nos recherches.