Colmatage drains

Cultures intermédiaires et drainage : un bon ménage ?

Introduction

Suite aux interpellations de plusieurs agriculteurs quant au risque de colmatage des drains par des cultures intermédiaires aux systèmes racinaires profonds comme la moutarde, il nous a paru utile de faire le point sur cette question. Ainsi, de nombreux contacts téléphoniques avec des institutions de recherche et de conseil agronomiques, des entreprises de pose et de débouchage des drains, mais également des agriculteurs pratiquant les cultures intermédiaires sur des terres drainées (en Wallonie, en Flandres et dans le Nord de la France), ont complété des recherches bibliographiques en bibliothèque et sur Internet. Les quelques paragraphes suivants sont le compte-rendu de cette enquête.

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Le colmatage racinaire par les cultures intermédiaires

 

Mythe ou réalité ?

 

A l’exception d’un agriculteur du Hainaut (Belgique) nous ayant signalé un bouchage de drains vraisemblablement suite à une interculture de phacélie, le colmatage racinaire, s’il est déjà peu fréquemment rencontré pour les cultures principales, est encore plus rarement provoqué par des cultures intermédiaires. C’est en tout cas l’avis de la quasi-totalité des personnes contactées. La présence d’espèces ligneuses à proximité des drains (haies, talus boisés, …) est par contre fréquemment la cause des colmatages : on note tant dans la littérature qu’auprès d’entreprises de débouchage que certaines espèces comme le saule, le peuplier ou le bouleau peuvent lancer leurs racines à plus de 20 mètres à l’intérieur des terres !

 

Les erreurs de pose sont des facteurs déclencheurs

 

Les racines des cultures pénètrent inévitablement dans les drains, de manière diffuse, mais elles sont généralement évacuées dans les flux d’eau. Toutes les erreurs de conception ou de pose du système de drainage (ruptures de pente et raccords défectueux entre autres) favorisent leur accumulation et lorsque le phénomène de colmatage racinaire est amorcé, il s’aggrave par l’accumulation de particules terreuses jusqu’à constituer de véritables bouchons ne pouvant plus s’évacuer de manière naturelle.

 

Une gradation du risque selon les espèces ?

La nature des espèces pouvant être incriminées ne fait actuellement l’objet d’aucun classement précis, aussi bien en matière de plantes cultivées que de couverts. On retrouve dans la littérature une liste d’espèces considérées comme dangereuses pour la vie d’un réseau : elle comprend quasiment toutes les espèces cultivées ! Du côté des adventices on notera que le chardon, l’ortie, le pissenlit ou la prêle sont souvent incriminés.

Sur le terrain, on note cependant que les témoignages soulignant l’action de la luzerne ou du colza sont fréquents, à tort ou à raison. Quoi qu’il en soit, certains entrepreneurs en drainage agricole refusent de garantir l’efficacité du réseau si dans les cinq années qui suivent la pose la parcelle reçoit un colza ou une luzerne.

Concernant la moutarde en couvert, même si des rumeurs planent quant à son agressivité sur les tuyaux, aucun cas avéré n’a pu être relevé. Même si certains restent méfiants quant à une implantation précoce (et donc une végétation longue avec un bon enracinement), d’autres cultivent depuis dix ans cette espèce en interculture sans avoir jamais fait face à des problèmes sur leur réseau.

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Une gradation du risque selon le type de drains ?
Dans les quelques cas de colmatage recensés en grandes cultures, on retrouve des observations allant tantôt en défaveur des tuyaux en terre cuite, tantôt en défaveur des drains plastiques. Les premiers présentent l’inconvénient de se laisser apparaître des ouvertures entre les éléments où s’engouffre une masse importante de racines. Les seconds sont par contre constitués de perçages multiples constituant autant de portes d’entrées sur tout le long du parcours. Au final aucun type n’est à l’abri des colmatages racinaires.

En conclusion

Le colmatage racinaire des drains par les plantes cultivées ou les cultures intermédiaires est (heureusement) un phénomène rarement observé. Dans l’éventualité où vous auriez quand même rencontré ce type de problème en interculture, nous vous serions reconnaissants de nous en avertir!

Article rédigé le 14/05/2008 par Nicolas Lefebvre et Sébastien Weykmans, avec l’aimable collaboration de la FUSAGx, de l’UCL, de l’ASBL APPO et d’Arvalis Institut du Végétal.
Source bibliographique : CONCARET J. (1981). Drainage agricole. Théorie et pratique. Dijon, F. Institut national de la Recherche agronomique, pp. 236-239.

 

 

 

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Publié le: 2008-05-13