Des pucerons et leurs ennemis naturels sur les couverts avant betterave

Pucerons sur avoineEn entrée d'hiver, des colonies importantes de pucerons ont été observées sur de l'avoine constituant un couvert d’interculture. Une telle infestation constitue-t-elle un réservoir de pucerons pour la culture de betterave à suivre, et donc un risque plus élevé de jaunisse ? Que faire donc de ce couvert ?

 

 

 

 

Tout d’abord, les pucerons développant des colonies sur graminées (ici, l’avoine) ne peuvent infester les dicotylédones (ici, la betterave). Ce ne sont donc pas les mêmes pucerons qui sont présents sur l’avoine à l’hiver et ceux qui transmettront la jaunisse sur betterave. Ensuite, le puceron vert du pêcher, qui est le plus grand vecteur de jaunisse, passe l’hiver sur les arbres du genre Prunus, et non sur des graminées. Cette présence de pucerons ne constitue donc aucun risque pour la culture de la betterave.

Un tel réservoir de pucerons de graminées pendant l’hiver, sur une parcelle dédiée à la betterave au printemps, constituerait même un réel avantage. En effet, les pucerons auront attiré leurs ennemis naturels (coccinelles, syrphes, chrysopes, parasitoïdes) encore actifs à l’automne (dont les températures étaient douces en 2020) sur le couvert d’avoine. Il se peut que ces auxiliaires y passent l’hiver au repos en attendant la remontée des températures. Ce qui signifie qu’ils pourraient être présents très précocement sur la parcelle de betterave, pour enrailler le pic de pucerons vecteurs de la jaunisse dès son début et au stade le plus sensible de la plante.

Pour bénéficier de cet effet, le couvert devrait être détruit le plus tardivement possible et de préférence à l'aide d'un rouleau pour épargner les pieds d'avoine. Des bandes de couvert pourraient même être laissées en place tout au long de la saison de culture suivante pour y préserver les auxiliaires. En cas de parcelle de petite taille, les bordures suffiraient car les auxiliaires sont très mobiles. Pour des parcelles de plus grande taille, des bandes tous les 100 à 200m pourraient suffir. Sur les restes de l’avoine ayant gelé, des fleurs pourraient être semées au printemps afin d'offrir le gîte et le couvert aux auxiliaires plus tard dans la saison.

 

Une recherche bibliographique a été réalisée pour appuyer et vérifier les informations présentées. Les documents et leur analyse plus détaillée sont disponibles sur demande.

Encyclop'Aphid : l'encyclopédie des pucerons - Encyclop'Aphid (inrae.fr) : Source fiable d’informations sur les pucerons et leurs ennemis naturels

McNeill CA, Liburd OE & Chase CA (2012) Effect of Cover Crops on Aphids, Whiteflies, and Their Associated Natural Enemies in Organic Squash, Journal of Sustainable Agriculture 36: 382-403 : Cette étude montre un effet positif des couverts végétaux dans la lutte contre le puceron, si les aménagements bordant la parcelle permettent le maintien des auxiliaires jusqu’à l’implantation de la culture de printemps.

Tillman G, Schomberg H, Phatak S, Mullinix B, Lachnicht S, Timper P & Olson D (2004) Influence of Cover Crops on Insect Pests and Predators in Conservation Tillage Cotton. J Econ Entomol 97: 1217-1232 : L’étude appuie l’intérêt de ne pas détruire l’ensemble du couvert d’hiver, pour conserver des bandes et assurer le transfert des auxiliaires du couvert vers la culture suivante.

Raymond L, Sarthou JP, Plantagenest M, Gauffre B, Ladet S, Vialatte A (2014) Immature hoverflies overwinter in cultivated fields and maysignificantly control aphid populations in autumn. Agriculture, Ecosystems and Environment 185: 99-105 : Les syrphes aphidiphages peuvent passent l’hiver aux stades immatures sur des cultures porteuses de colonies de pucerons.

Cet avis a été rédigé par Laurent Serteyn, ingénieur agronome chez Greenotec. Les articles communiqués par l’ASBL Greenotec, que ce soit dans les Greenotélex ou sur son website, sont donnés à titre purement informatif et ne peuvent en aucun cas engager la responsabilité de l’association ni celle de ses partenaires. Toute reproduction ou copie de cet article, même partielle et quel que soit le moyen utilisé, ne peut se faire sans l'accord écrit préalable de l'ASBL Greenotec.