Etienne Allard, Ferme de Warelles à Enghien

Image1bisSystème polyculture-élevage (Bovin laitier – grandes cultures)

Assolement : froment d’hiver, épeautre, betteraves, pomme-de-terre, fourrage (maïs épi, luzerne, méteil)

Surface exploitée : 120 ha

Installation de biogaz (voie liquide)

Transformation de farine, vente directe et ferme pédagogique

"Je suis en non-labour depuis 20 ans. Mes motivations premières étaient économiques : gain de temps et économie grâce à la réduction des passages de machine. Je suis convaincu qu’un sol vivant permet une culture plus saine. Pour être en bonne santé, nous devons manger sainement : c’est la même chose pour les plantes. Aujourd’hui, je vois l’agriculture de conservation comme une assurance gratuite, sécurisant mes rendements et m’offrant une résilience face aux imprévus climatiques (stockage de carbone, moins de sensibilité au tassement, pas d’érosion, rétention d’eau…). J’apprécie particulièrement la position neutre et objective de Greenotec, qui s’affranchit de liens commerciaux lors de l’accompagnement dans cette démarche.

Nos terres et notre système nous offrent des rendements satisfaisants, que je ne suis pas prêt à sacrifier en prenant des risques comme la suppression des produits phytosanitaires. Grâce à l’agriculture de conservation, j’ai pu néanmoins stopper l’usage de semences enrobées d’insecticide et diminuer considérablement mes traitements. J’utilise des techniques préventives et joue sur la nutrition des plantes. En bref j’essaie de produire selon mon potentiel avec le moins de chimie possible.

étableMa priorité est d’atteindre l’autonomie fourragère et alimentaire sur mon exploitation. La transformation de mes céréales en farine à la ferme m’approvisionne en son. Je suis attaché à mes animaux qui me permettent d’apporter de la matière organique sur mes parcelles. De plus, je suis presqu’autonome en électricité grâce à ma station de biogaz qui fonctionne avec le lisier de mes bovins. J’implante du maïs épis qui restitue beaucoup de carbone en peu de temps pour nourrir mon sol. J’essaie de maximiser ma production de biomasse qui retourne au sol (couverts végétaux…) pour tendre vers une auto-fertilité mais j’en suis encore loin (il faudrait 22 tMS/ha !).

Pour la culture de betterave, je regrette le manque d’anticipation de l’interdiction des néonicotinoïdes. J’ai réalisé des premiers essais d’association avec la féverole, qui sont prometteurs. A l’avenir, j’envisage de diminuer la surface de pomme-de-terre, pour commencer le colza associé avec des plantes compagnes. Le tourteau de colza et les féveroles associées augmenteront mon autonomie en apports protéiques dans les rations.

La clef d’un système agricole résilient et durable réside dans la diversification, la mixité, le circuit-court, la coopération, la vie du sol… Je pense que les agriculteurs appliquant les principes de l’AC doivent être reconnus pour les services rendus pour l’environnement (séquestration de carbone, diminution de l’érosion, diminution des produits phytosanitaires…). Si la pratique de l’AC est déjà bénéfique pour le bilan financier de mon exploitation, une reconnaissance supplémentaire ne serait pas de refus !"


 

Meule Etienne et Nicolas, son fils, ont installé un moulin à la ferme, en activité depuis octobre 2020. Avec un investissement de départ d’environ 120.000€, il estime que la rentabilité sera assurée avec la mouture de 1000 kg de farine par semaine. Le rendement du moulin est de 60 à 100 kg (selon la qualité désirée) de farine à l’heure. Le grain est moulu sur meule de pierre, ce qui préserve la farine d’un échauffement qui dégraderait la qualité nutritionnelle du produit. Nicolas et Etienne produisent différents types de farine (de T60 à T150, de la plus blanche à la plus complète) empaquetés en différents volumes (1, 3, 5 et 25 kg). L’enveloppe du grain (le son) est valorisée dans la ration du troupeau de Holstein.

farineLa farine est vendue au magasin à la ferme et à un boulanger artisanal local (Les Pains de Stéphane). Le procédé de mouture, l’absence d’additifs et la culture de variétés de céréales panifiables en font une farine digeste et nutritive. Si l’AB est mondialement reconnue par ses labels, les produits issus de l’AC ne sont que rarement reconnus pour leur qualité. Ce défi est partiellement relevé par la ferme de Warelles grâce au circuit court. La vente directe à la ferme offre en effet l’opportunité de renseigner le consommateur sur les pratiques d’AC mises en œuvre à la ferme et de se passer de label et de certification. Sur l’étiquette, nous pouvons lire : « Farine issue de céréales cultivées selon les principes de l’agriculture de conservation des sols ».

céréales SDLes terres cultivées par Etienne ne subissent plus de labour depuis 20 ans. Dans son processus d’amélioration constante, il met en œuvre le semis direct de céréales sur couvert végétal préalablement détruit par herbicide total. Si cela a pu lui donner quelques sueurs froides à ses débuts, la technique semble aujourd’hui très prometteuse. Pour lutter contre les pucerons d’automne, Etienne expérimente l’application d’une solution sucrée (dextrose et vitamine c). Cela a-t-il un effet tangible ? Cela reste à déterminer, mais Etienne suppose que ce genre de traitement améliore la nutrition de la plante. Lors des dernières analyses, sa farine titrait à 14% de protéines avec une fertilisation raisonnée, ce qui est bien supérieur aux besoins du boulanger et aux moyennes locales.