2020 - Essais maïs en direct

Contexte et objectifs généraux

Les essais Maïs 2020 résultent pour 3 d’entre eux d’une collaboration entre Agra-Ost et l’ASBL Greenotec.

Les ASBL tiennent à remercier les agriculteurs Christian Annet et Christophe Kaut ainsi que Thierry Stokkermans propriétaire et constructeur des élément de semis Zip-Drill sans qui les essais n’auraient pu être mis en place et toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à leurs réalisations.

Les renseignements mentionnés dans le présent document sont donnés à titre purement informatif et ne peuvent en aucun cas engager ni la responsabilité de l’ASBL Greenotec ni celle des partenaires ayant contribué à la recherche. Toute reproduction ou copie de ce document, même partielle et quel que soit le moyen utilisé, ne peut se faire sans l'accord écrit préalable de l'ASBL Greenotec et des partenaires ayant contribués à la recherche.

Objets expérimentaux

Les différentes modalités de travail du sol ont été choisies en fonction de la disponibilité des outils des agriculteurs. Un semoir de semis direct 2 rangs nous a été prêté par Zip Drill. Ce semoir permet de planter directement sans travailler le sol dans une prairie ou dans un couvert en y apportant une solution de DAP liquide au semis.

L’essai agronomique se situe à trois endroits (Limerlé, Lommersweiller, Maspelt) comprenant plusieurs variantes de préparation du sol. Une implantation traditionnelle en labour, une autre avec le passage d’un déchaumeur à disque (réduction du travail du sol, TCS), une variante désherbée chimiquement à l’automne et au printemps puis semée sans travail du sol (SDA) et pour finir une implantation du maïs directement sur prairie vivante avec une destruction chimique des plantes juste avant le semis (unique désherbage) (SDP). Dans ce dernier cas, l’objectif est de freiner fortement la prairie pour permettre au maïs de pousser tout en ayant un sol couvert par l’ancienne prairie se dégradant doucement. Une reprise de végétation de la prairie est espérée vers la fin du cycle du maïs et devrait permettre au sol d’être couvert après la récolte du maïs. Le temps de travail à l’hectare se voit aussi fortement diminué.

Chaque variante est analysée selon différents critères : le taux de germination, l’humidité du sol, la température du sol, la vie du sol (nombre de vers de terre), l’évolution des adventices, le rendement et le coût d’implantation du maïs. De plus, un suivi des APL (azote potentiellement lessivable), en partenariat avec l’ULiège (campus d’Arlon) est mis en place pour déterminer quelle technique est la plus favorable à la réduction des nitrates.

Parcelles expérimentales

  1. Maspelt : Deux modalités
    1. Précédent : temporaire 

    2. Modalité classique : déchaumage après destruction chimique de la prairie + rotative et semoir classique è reste du champ
    3. Semis direct sur prairie : Zip drill + glyphosate 15 jours avant le semis (3l/hectare)
    4. Semis direct : 16 rangs è 12m sur 50m de long

    5. Plan Maspelt

Lommersweiller : Trois modalités

Précédent : maïs et semis de seigle en inter-culture (CIPAN)

  1. Modalité classique avec destruction du seigle avec un labour suivis de rotative semoir classique
  2. TCS (technique cultural simplifiée) : déchaumeur à disques + rotative semoir classique
  3. SD (semis direct) : zip drill (semoir) + destruction du seigle au glypho (3l/hectare) juste après le semis

Semis direct sur seigle : 16 rangs de maïs ( 12m de large sur 50m)

Plan Lommersweiller

Limerlé : Quattre modalités

Précédent : prairies temporaire (ray grass Anglais + trèfles blancs)

  1. Labour : destruction du couvert en automne round up + labour au printemps + hersage + zip drill
  2. TCS : destruction du couvent en automne round up + 2 passages de déchaumeur + zip drill
  3. SD automne : destruction du couvert à l’automne (glypho  3,5l/ha) + zip drill + destruction des adventices après le semis (3,5l/ha de glypho)
  4. SD printemps : Zip drill + destruction de la prairie après le semis (3,5l/ha de glypho)Plan Limerlé

Illustration des outils utilisés pour les essais

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Labour

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Déchaumeur à disques

Semoir classique

Semoir Classique monosem

 

Semoir Zip Drill 2 rangs

Semoir monosem avec Kit zip drill

 

Semoir Zip drill vue sur l élément semeur

Semoir Zip-Drill semant dans une prairie

 

Sillon écarté pour apercevoir les semences semées par Zip drill

Sillon écarté à la main pour apercevoir les semences dans la modalité Zip-Drill dans une prairie

 

Evolution des modalités au cours de la saison à Limerlé

Dates SD avec destruction de la prairie au printemps SD avec destruction de la prairie à l’automne Témoin en TCS Témoin labour
Semis le 27 avril 2020 Image11 Image12 Image13 Image14
Le 18 juin 2020 Image15 Image16 Image17 Image18
Le 30 juillet 2020 Image19 Image21 Image22 Image23
Récolte le 8 octobre 2020 Image24 Image20 Image25 Image26
  Photos de l’évolution de la pousse du maïs dans la modalité SDP à Limerlé Photos de l’évolution de la pousse du maïs dans la modalité SDA à Limerlé Photos de l’évolution de la pousse du maïs dans la modalité TCS à Limerlé Photos de l’évolution de la pousse du maïs dans la modalité SDP à Limerlé

 

Matériel et méthodes

Observation

Réalisation

Interprétation

Humidité et température du sol

Agra-Ost

Agra Ost - Greenotec

Comptage des levées

Agra-Ost - Greenotec

Agra-Ost - Greenotec

Biomasse aérienne du maïs

CIPF - Agra-Ost - Greenotec

Agra Ost - Greenotec

Azote

Agra-Ost

Agra-Ost - Greenotec

Comptages adventices

Agra-Ost - Greenotec

Agra-Ost - Greenotec

Rendements et qualités technologiques du grain

Agra-Ost – Greenotec -CIPF

Agra-Ost - Greenotec

Marge économique

Agra-Ost - Greenotec

Agra-Ost - Greenotec

Analyse et interprétation des résultats

Comptage de levée à Limerlé

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Les maïs ont été semé à l’aide du zip drill à un réglage de 108000 pieds par hectare. Pour pouvoir comparer la levée, le semis a été réalisé avec le même semoir sur les 4 modalités. La levée devrait atteindre 40 pieds sur 5m linéaire. Les comptages se sont réalisés en 8 répétitions par modalité sur 5 m linéaire.

Les 3 modalités avec une prairie ayant été détruite totalement que ce soit chimiquement à l’automne, à l’aide d’un labour ou de plusieurs passages de déchaumages ont une levée assez semblable. La modalité SD dans la prairie vivante avec destruction chimique juste avant le semis est assez fortement pénalisée en terme de levée (plus de 30% en moins pour le SD destruction chimique de printemps) . La levée en générale est quand même largement en dessous des 40 pieds espérés au semis.

Comptage de levée  à Lommersweiller

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Les maïs ont été semé à l’aide du zip drill à un réglage de 108000 pieds par hectare sur la modalité « SD ». Les 2 autres modalités ont été implantées à l’aide d’un semoir appartenant à un entrepreneur à 110000 pieds/hectare. Les comptages se sont réalisés en 8 répétitions par modalité sur 5 m linéaire.

Le semoir n’était pas le même mais la densité de semis était casi au même réglage. On remarque clairement une différence de levée entre le SD et les modalités travaillées (plus de 24% en moins pour le SD).

Comptage de levée à Maspelt

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Les maïs ont été semés à l’aide du zip drill à un réglage de 108000 pieds par hectare sur la modalité « SD ». La modalité TCS a été implantée à l’aide d’un semoir appartenant à un entrepreneur à 110000 pieds/hectare. Les comptages se sont réalisés en 8 répétitions par modalité sur 5 m linéaire.

Le semoir n’était pas le même mais la densité de semis était au même réglage. Cependant, il y a clairement une différence de levée entre le SD et la modalité travaillée (plus de 36% en moins pour le SD).

Conclusion sur les comptages de levées

Les modalités semées en direct avec destruction chimique au printemps ont une levée moins optimale comparées aux modalités ou un travail du sol a été effectué. Une densité de semis plus élevée devrait être appliquée en SD. Le réchauffement du sol moindre et la présence de taupins sont peut-être la cause de cette baisse de levée. On peut émettre aussi l’hypothèse que le réglage du zip drill n’était pas optimale car on remarque une levée de 45 à  70% de la densité de semis voulue.

Humidité du sol à Limerlé

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Les mesures d’humidités ont été prise sur des échantillons de terre prélevés sur les 10 premiers cm et pesés avant et après un passage à l’étuve.

Au semis l’humidité dans la prairie détruite chimiquement à l’automne n’ayant eu aucun travail du sol a le plus d’humidité. Pour la prairie détruite chimiquement au printemps, on remarque que la prairie pompe encore de l’eau après le semis tant que la prairie est vivante. Ensuite cette modalité est celle capable de retenir le plus d’eau par la suite.

Plus le sol est travaillé plus on remarque une humidité faible comparé aux SD. Le travail du sol agit sur l’évaporation de l’eau.

Rendement du maïs à Limerlé

La récolte s’est effectué le 8 octobre en récoltant 4 répétitions de 3m linéaire de pieds de maïs. Les fagots de maïs ont été par la suite amené au CIPF pour les passer dans la machine de récolte (Haldrup) et aussi en déterminer le poids frais. Un échantillon de chaque modalités et répétitions était prélevé et est passé à l’étuve pour en déterminer la matière sèche. 

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Nous observons très clairement que la modalité semis direct avec la prairie détruite chimiquement à l’automne est fortement en retard. La concurrence avec les adventices et la reprise de ray-grass et trèfle a été trop importante. Cela confirme qu’il ne faut pas détruire trop tôt la prairie pour que cette dernière puisse concurrencer les adventices durant la pousse du maïs tout en se détruisant petit à petit. Comme on peut le voir sur les photos au point 5 la modalité SDP est encore assez verte par rapport au TCS et labour. Le retard de croissance se fait assez remarquer et on aurait dû récolter plus tard cette modalité pour pouvoir comparer les MS. Le nombre de pieds plus faible (-30% de moyenne) en SDP explique aussi cette baisse de rendement en comparaison avec le TCS et le labour.

Rendement du maïs à Maspelt et Lommersweillers

La récolte s’est effectué le 2 septembre en récoltant 4 répétitions de 3m linéaire de pieds de maïs. Les fagots de maïs ont été par la suite amené au CIPF pour les passer dans la machine de récolte (Haldrup) et aussi en déterminer le poids frais. Un échantillon de chaque modalités et répétitions était prélevé et est passé à l’étuve pour en déterminer la matière sèche. 

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Le nombre de pieds plus faible (-24% de moyenne) en SD à Lommersweiller devrait influencer négativement le rendement en MS du SD comparé au labour et au TCS mais il n’en est rien. Le SD à une bonne matière humide et sèche. Le seigle étant pas très épais et ayant bien été détruit sans avoir de repousse montre que la concurrence avec le maïs SD est nulle. Les 3 modalités ont eu aussi un désherbage classique en plus du glypho sur le seigle ce qui explique aussi qu’aucune repousse n’est reprise en SD.

Le rendement à Maspelt est assez impacté par le SD mais ici la différence de pieds était flagrante. Le nombre de pieds plus faible (-36% de moyenne) en SD à Maspelt explique cette baisse de rendement en comparaison avec le TCS. Les taupins sont peut-être aussi la cause de cette baisse de rendement car on en voyait avant le semis et la modalité SD n’a pas reçus de larvicide comparé au TCS qui en a bien eu au semis.

Conclusion sur le rendement

Le rendement se voit influencé par le nombre de pied et le retard de croissance au démarrage du maïs SD. Le manque de réchauffement du rang par la diminution du travail du sol en est surement la cause. La destruction chimique à l’automne n’est pas une bonne solution car le salissement au printemps est plus importante que lorsque l’on détruit chimiquement la prairie au printemps juste après le semis. Une densité de pied 10% plus élevé et un engrais starter adapté devrait pouvoir nous donner encore de meilleures perspectives de rendement.

Suivi de l'azote

L’azote sous forme NO3- (nitrique) est le plus abondant dans le sol et principalement absorbé par les plantes. Toutefois, cette forme de l’azote est plus facilement lessivable car peu retenue par le complexe argilo-humique. Le graphique permet de visualiser l’azote restant dans le profil durant toute la saison du maïs et après la récolte de ce dernier.

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On remarque que plus le sol est travaillé plus on retrouve des nitrates dans le profil. La modalité labour et déchaumage (TCS) relargue beaucoup de nitrate en juin-aout. Et on y observe aussi plus de nitrate dans l’horizon 60-90 en entrée d’hiver comparé aux modalités SD. La modalité SDP (semis direct du maïs avec destruction chimique de la prairie au printemps) permet d’avoir très peu de nitrate dans le profil durant toute la saison du maïs. En entrée d’hiver on remarque aussi que le SDP a le moins de nitrate dans l’horizon 60-90. On peut donc en déduire que moins on travail le sol plus on limite les problèmes d’APL après destruction de prairie. L’été 2020 fût très sec et l’automne 2020 fût particulièrement pluvieux et permet de voir justement l’effet sur le relargage extrême en nitrate dans le profil.

Qualité technologiques de l'ensilage

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Au niveau des DVE, on observe très peu de différence entre les modalités.

Les OEB sont légèrement moins négative pour la modalité labour et est en corrélation avec l’énergie exprimée en VEM juste en dessous.

Nous pourrions expliquer cette différence par la concurrence que le maïs a subie. Le maïs est réputé pour sa très bonne valeur énergétique. Un ensilage de constitution normale a une valeur énergétique située entre 950 et 1000 VEM (Cours d’alimentation Dang Van, 2016). Les productions de VEM réalisées dans les modalités avec des couverts de légumineuses se situent toutes au-dessus de 950 VEM, prouvant ainsi qu’il est possible d’obtenir un maïs de qualité énergétique en ayant un semis direct de maïs.

Coût des différentes techniques d'implantations

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Le semis a été réalisé avec le même semoir (Zip drill) dans toutes les modalités avec un DAP sur le rang. Les 2 modalités de semis direct sont moins couteuses dû à l’absence de travail du sol. De plus le SDP est resté beaucoup plus propre en terme d’adventices du coup il y a eu absence d’herbicide en post levée du maïs. En TCS il a fallu passer deux fois le déchaumeur à disques pour avoir assez de fine terre pour le semis et en labour un passage de l’outils à disques pour reprendre le labour. L’ensilage et la manutention a le même coût dans toutes les modalités.

Conclusion

Le semis direct du maïs à l’aide du Zip-Drill n’offre pas un énorme gain de rendement. Dans 2 essais sur 3, il en fait perdre. Cependant le coût de la mise en place et l’inter-rang non travaillé a sans aucun doute permis de limiter l’érosion du sol pendant le développement du maïs. Qui dit limitation de l’érosion, dit aussi limitation des produits phytopharmaceutique qui se retrouvent dans les cours d’eau (SDP Limerlé). De plus sur l’essai de Limerlé, on a pu démontrer l’effet sur la rétention des nitrates en surfaces dans la modalité SD comparé aux témoins travaillés.

Par ailleurs, les conditions climatiques sont également capitales pour la réussite de la culture. Depuis plusieurs années, on observe une tendance vers des épisodes pluvieux plus intenses mais moins bien répartis au cours de l’année. Cette année, le printemps-été fut particulièrement sec, ce qui a pour conséquence d’avoir affaibli les chances de germination du maïs. Cependant encore ici on remarque que lorsque l’on ne travaille pas le sol, on garde plus d’humidité dans les 10 premiers cm mesuré.

Le gros problème du semis direct pouvant expliquer une baisse de rendement en MS est le fait que la levée du maïs a été moins bonne en SD. Des essais de semis direct avec le Zip-drill vont être réitérés en 2021 en s’assurant de la densité de semis et du bon fonctionnement du semoir.