Colza associé 2011

Suivi CDH11-AntheitVI

Couverts associés au colza d'hiver en Wallonie

Introduction

Depuis 2007, la revue agricole « TCS » spécialisée dans les techniques culturales simplifiées, les couverts végétaux et le semis direct se fait régulièrement l’écho d’expériences d’agriculteurs français qui cultivent simultanément le colza d’hiver avec une ou plusieurs autres espèces végétales (appelées dès lors « couverts associés ») en visant trois objectifs (peut-être utopiques pour certains) :
  • couvrir totalement le sol dès la fin de l’été pour limiter le développement des adventices ;
  • concentrer les attaques d’altises sur le couvert plutôt que sur le colza ; 
  • tenter de fixer symbiotiquement quelques unités d’azote atmosphérique lorsque le couvert associé est une légumineuse.
Dans l’objectif final d’apporter des éléments de réponse sur la faisabilité de ces pratiques dans les conditions pédoclimatiques de Wallonie, l’ASBL Greenotec a lancé pour la saison de culture 2010-2011 une première plate-forme à Antheit (Wanze, Condroz liégeois) comparant seize associations de couverts végétaux avec du colza d’hiver. Il faut clairement préciser que l’objectif de cette première plate-forme qui ne constitue pas un essai agronomique était de cerner sommairement les potentialités d’un grand nombre de couverts mais surtout de détecter ceux qui s’avèrent peu adaptés pour gagner en efficicience dans des essais ultérieurs qui devraient se dérouler sur plusieurs années.

Couverts associés en comparaison

Pour la première année, il a été décidé de semer sur un sol argilo-limoneux (précédent : escourgeon) des bandes contiguës toutes les espèces de cultures intermédiaires dont la SCAM (coopérative partenaire de l'essai) a pu se procurer des semences, à l’exception des céréales (les premières expériences françaises apprenant qu’un traitement anti-graminées est souvent nécessaire pour détruire les repousses de la culture précédente dans le colza d’hiver) et à l’exception des espèces dont la sensibilité aux températures négatives semblait trop aléatoire que pour pouvoir compter sur une destruction totale au cours de l’hiver. Chacune de ces espèces a été testée seule avec du colza d’hiver mais pour certaines d’entre elles à plusieurs densités de semis. Le tableau ci-dessous reprend le détail des modalités testées.  

   Espèce  Densité de semis  Profondeur de semis 
 E01  /   /  /
 E02  Moutarde blanche  4 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E03  Moutarde blanche  8 kg/ha   ≈ 1 cm  
 E04  Moutarde blanche  12 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E05  Caméline  3 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E06  Phacélie  10 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E07  Phacélie  15 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E08  Nyger  20 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E09  Tournesol  31 kg/ha   ≈ 2 cm 
 E10  Sarrasin  50 kg/ha   ≈ 2 cm 
 E11  Trèfle d'Alexandrie  25 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E12  Trèfle incarnat  20 kg/ha   ≈ 1 cm 
 E13  Fenugrec  50 kg/ha   ≈ 2 cm 
 E14  Lentille fourragère  50 kg/ha   ≈ 2 cm 
 E15  Pois de printemps  300 kg/ha   ≈ 3-4 cm 
 E16  Féverole  300 kg/ha   ≈ 3-4 cm 

semis des couverts associés.jpg

La plate-forme ayant été mise en place sur une exploitation souhaitant s’orienter vers l’agriculture biologique, le recours à des produits de désherbage chimique a été exclu après le semis. Pour limiter autant que possible le développement des adventices, il a été décidé de chercher à couvrir le sol le plus rapidement possible en optant pour de hautes densités de couverts associés. Dans cette optique, vu la date de semis avancée (5 septembre 2010), les densités de semis des couverts E05 et E08 à E14 ont été augmentées de 25 % par rapport aux densités préconisées pour ces espèces en tant que cultures intermédiaires seules.Toujours dans cette optique, les densités des couverts E15 et E16 ont été fixées après consultation d’agriculteurs cultivant ces légumineuses en culture principale pour viser également une couverture de 100 %.

Afin d’optimiser la levée de chaque plante semée, il a été décidé d’effectuer les semis en deux passages. Les différents couverts ont été semés dans un premier temps à l’aide d’un semoir rapide à disques (photo de gauche ; cliquer dessus à l'instar des autres figures pour l'agrandir) à la profondeur jugée idéale pour chacune des espèces (de 1 cm à 4 cm).Le colza d’hiver (hybride restauré) a été semé dans un second temps à l’aide du même semoir mais dont le double train de disques dans la partie antérieure était relevé. Par crainte (injustifiée) que le couvert associé n’ait un effet dépressif sur la levée du colza d’hiver, l’agriculteur été décidé d’opter également pour une densité de semis élevée, en l’occurrence 70 grains/m², alors qu’un hybride restauré doit idéalement se semer à 40-50 grains/m². On notera que le témoin sans couvert associé (E01) constituant la dernière parcelle semée a souffert d’un défaut de remplissage de certaines cannelures du semoir ce qui s’est traduit par une densité de semis inférieure (lignes manquantes) : c’est la raison pour laquelle les résultats de cette parcelle ne sont pas présentés dans la suite de cet article.

Evolution des couverts associés

Levée

Suite aux précipitations très importantes en août 2010 en Belgique (136 l/m²), le semis n’a pas pu être réalisé avant le début du mois de septembre. Il l’a cependant été le 5 septembre 2010 dans d’excellentes conditions de ressuyage ce qui, combiné aux conditions météorologiques clémentes qui ont suivi la mise en terre (dont de fines pluies), explique certainement la levée rapide des couverts associés : huit jours après le semis, tous les couverts autres que le tournesol (E09), le pois de printemps (E15) et la féverole (E16) avaient déjà atteint le stade « cotylédons ».

Croissance

   Espèce  Densité de semis  Couverture du sol au 11 octobre 2010  Hauteur maximale  du couvert associé
 E01  /   /  ?  /
 E02  Moutarde blanche  4 kg/ha   75 à 90%  75 cm 
 E03  Moutarde blanche  8 kg/ha   100 %  75 cm
 E04  Moutarde blanche  12 kg/ha   100 %  75 cm
 E05  Caméline  3 kg/ha   90 à 100 %  25 cm
 E06  Phacélie  10 kg/ha   100 %  35 cm
 E07  Phacélie  15 kg/ha   100 %  35 cm
 E08  Nyger  20 kg/ha   90 à 100 %  15 cm
 E09  Tournesol  31 kg/ha   90 à 100 %  35 cm
 E10  Sarrasin  50 kg/ha   75 à 90 %  40 cm
 E11  Trèfle d'Alexandrie  25 kg/ha   90 %  35 cm
 E12  Trèfle incarnat  20 kg/ha   75 à 90 %  10 cm
 E13  Fenugrec  50 kg/ha   75 à 90 %  35 cm
 E14  Lentille fourragère  50 kg/ha   90 à 100 %  20 cm
 E15  Pois de printemps  300 kg/ha   90 à 100 %  40 cm
 E16  Féverole  300 kg/ha   100 %  60 cm
 
 
La couverture du sol atteinte par chaque mélange de colza d’hiver avec un couvert associé au 11 octobre 2010 est présentée dans le tableau ci-dessus. Environ un mois après le semis, tous les mélanges ont atteint une couverture dépassant les trois-quarts de la surface du sol et un tiers d’entre eux a atteint une couverture totale. Entre la mi-octobre et la mi-novembre 2010, la végétation s’est très fortement développée pour atteindre 100 % de couverture de sol dans chacune des parcelles et atteindre les hauteurs maximales présentées également dans le tableau ci-dessus (pour le nyger et le sarrasin, les hauteurs maximales étaient celles atteintes juste avant les premières gelées d’octobre - cfr supra).

Sénescence et destruction

TA dans colza

La destruction naturelle des couverts associés s’est déroulée en plusieurs étapes.
Conformément à leur réputation d’être hypersensibles aux températures basses, le nyger (E08) et le sarrasin (E10) ont succombé aux premières gelées blanches de la mi-octobre 2010.
Les couverts encore vivants au-delà de cette date ont été détruits totalement par la première vague de froid intense qu’a connue la plate-forme vers la fin novembre 2010 et juste avant qu’il neige, à l’exception toutefois de la caméline (E05), du trèfle d’Alexandrie (E11) du trèfle incarnat (E12).
La caméline (E05) était en effet toujours non totalement détruite après la longue couverture de neige et sa disparition complète n’a été notée que début mars 2011. Le Trèfle d’Alexandrie semblait avoir complètement gelé à la fin novembre 2010, mais de nombreuses repousses ont été constatées sous le colza d’hiver à la récolte 2011. En ce qui concerne le trèfle incarnat (E12), il a parfaitement résisté à l’hiver, a fleuri au mois de mai (figure ci-contre) et s’est desséché après avoir produit des semences en juin 2011. 

Evolution du colza d'hiver

Levée et formation de la rosette

cameline dans colza

A l’instar des couverts associés, le colza a connu une germination et une levée rapides.
Dès la dernière semaine de septembre, il a été nettement remarqué que les attaques d’altises sur le colza d’hiver étaient limitées en présence d’un couvert associé et ce, quel qu’il soit. Ce constat s’est vérifié tout au long de l’automne 2010. Aucune évaluation chiffrée n’a cependant été réalisée.
Jusqu’à la deuxième décade d’octobre 2010, la croissance du colza semble n’avoir été influencée ni positivement ni négativement par la présence d’un couvert associé, à l’exception du colza associé à de la caméline (E05) où un effet dépressif a été remarqué dès la mi-octobre (photo ci-contre : colza + caméline sur la partie gauche de la photo, colza seul sur la partie droite).
Entre la mi-octobre et la mi-novembre 2010, le colza a connu également un développement très important et à la mi-novembre 2010, des pivots d’un diamètre de 10 mm ont été fréquemment rencontrés. Bien que parfois très inférieur en taille par rapport à certains couverts associés qui ont atteint jusqu’à 75 cm (cfr tableau présenté plus haut), le colza semble ne jamais avoir été étouffé par ces derniers mais des premiers phénomènes d’élongation ont été constatés dans certaines parcelles vers la fin novembre, notamment celles à base de moutarde (E02, E03 et E04), de phacélie (E06 et E07), de pois (E15) et de féverole (E16). La densité élevée du colza constituait déjà un facteur de risque qui a manifestement été amplifié par son association avec ces autres plantes semées très (trop) densément.  

Hiver 2010-2011

colza gelé

Lors de la première visite au début de l’année 2011 après la fonte des neiges, le constat majeur a été la perte d’un très grand nombre de pieds de colza dans les parcelles où celui avait été sujet à élongation et était dès lors plus sensible au gel et à la longue et lourde couverture neigeuse.
Ainsi, le colza était fortement détruit dans les parcelles E03 et E04 (moutarde blanche à 8 et 12 kg/ha) et E16 (féverole - cfr photo ci-contre). Il l’était partiellement dans les parcelles E02 (moutarde blanche à 4 kg/ha), E06 et E07 (phacélie à 10 et 15 kg/ha), et E15 (pois de printemps).

Montaison

colza-violacees

Dès le stade montaison sont apparus les premiers symptômes de stress nutritif du colza qui se sont matérialisés au mois de mars 2011 par des feuilles d’une couleur violacée (photo ci-contre) liée probablement aussi aux températures relativement basses de ce mois, mais tout particulièrement dans les parcelles qui présentaient en sortie d’hiver une densité élevée de pieds de colza (parcelle E05 et parcelles E08 à E15, càd celles où il n’y a pas eu de dégâts de gel).
Une explication logique peut être avancée : la densité élevée des pieds de colza a exacerbé la concurrence entre ces derniers sur un sol où les teneurs en phosphore et en potassium étaient déjà considérées comme faibles (d'après une analyse de sol réalisée avant la mise en place de la plate-forme) et qui de plus est après des couverts associés qui ont eux aussi consommé des éléments nutritifs au cours de l’automne pour leur propre développement.
Ces colorations ont complètement disparu début avril avec la remontée des températures et la minéralisation de l’engrais organique bio apporté début mars.

Des boutons accolés à la formation des siliques

concurrence moutarde colza

Début avril, les parcelles à base de moutarde (E02 à E04) et de féverole (E16) ont commencé à présenter un retard de développement par rapport aux autres parcelles qui ne s’est jamais résorbé jusqu’à la fin de saison culturale (photo ci-contre : étagement du développement du colza d'une parcelle à base de moutarde à l'avant-plan vers les autres parcelles à l'arrière-plan). Ce retard dans le stade de développement s’est accompagné d’une forte hétérogénéité intraparcellaire entre les plantes notamment au niveau de leur taille.
En présence d’une fertilisation printanière bio déjà (très) faible en azote et en potasse (67 N et 8 K2O), le colza associé à de la moutarde blanche ou de la féverole a manifestement souffert d’un important effet « piège à nitrates » mais également d’autres éléments nutritifs par ces dernières attesté par leur développement végétatif important à l’automne.

Cette hypothèse est étayée par une taille également réduite du colza après phacélie (30 cm en moins début avril par rapport aux parcelles E08 à E15), autre plante utilisée couramment comme CIPAN (sans retard dans le stade de développement cependant).
Les couverts associés fortement développés ont peut-être aussi eu un impact négatif sur les réserves hydriques du sol, d’autant plus que le printemps a été sec.
Du début avril 2011 jusqu’à la récolte, aucune différence visuelle n’a pu être mise en évidence entre le colza des parcelles E08 à E15, même pour celui associé à du trèfle incarnat (E12) qui n’a pas été détruit au cours de l’hiver, qui a poursuivi son cycle au printemps mais qui n’a jamais étouffé ni même dépassé le colza à Antheit comme cela a été rencontré chez un autre agriculteur en Belgique en 2010. 

Récolte

tiges-brunes tiges-vertes.jpg

La récolte s’est déroulée sans problème particulier. Un problème rencontré chez plusieurs agriculteurs ayant testé le trèfle incarnat (E12) en association avec du colza d’hiver a cependant été évité de justesse. Le bouclage complet du cycle de cette légumineuse (éventuellement accéléré par la sécheresse printanière) a conduit à la production de graines peu de temps avant la récolte, les gousses supérieures du trèfle incarnat étant situées juste sous les siliques inférieures du colza. Le réglage adéquat de la barre de coupe à Antheit a permis de récolter uniquement le colza (heureusement non versé) mais il est arrivé dans d’autres fermes qu’une partie des graines des deux plantes soit située au même niveau. Les deux graines étant difficilement triables vu la similarité de leur PMG (communication personnelle de F. Thomas, 2011), cela pose, le cas échéant, un réel souci. 

Après la récolte, on a pu constater une différence très nette au niveau des chaumes de colza d’hiver. Les parcelles E02 à E07 (à base de moutarde blanche, de caméline ou de phacélie), en l’occurrence celles qui ont manifestement souffert fortement de la présence d’une plante associée, présentaient un chaume verdâtre (avant-plan de la photo de gauche) alors que toutes les autres présentaient un chaume desséché (arrière-plan). De ces chaumes verdâtres dans les parcelles E02 à E07 démarraient quasi systématiquement de nouvelles feuilles, comme si la plante amorçait un nouveau cycle de culture.

Rendement et qualité technologique du colza d'hiver

rdt colza d'hiver

De manière générale, les rendements sont peu élevés mais il faut rappeler d’une part que la culture du colza d’hiver s’est déroulée à partir du semis selon les règles de l’agriculture biologique, et d’autre part que les apports d’engrais à la reprise printanière ont été particulièrement faibles.
Il est regrettable de ne pas avoir pu effectuer de mesure sur un témoin sans couvert associé (pour les raisons précisées plus haut). Le colza qui a manifestement souffert de la présence d’un couvert associé trop dense, suite aux problèmes d’élongation auxquels ils ont conduit et de limitation des réserves d’éléments minéraux disponibles au printemps (moutarde, phacélie, féverole) ou pour des raisons non clairement identifiées (caméline), marque assez clairement l’effet dépressif sur les rendements.

On notera toutefois que le colza associé à du pois, même partiellement détruit suite aux problèmes d’élongation, tire très bien son épingle du jeu.
Pour les parcelles E08 à E14 (càd du nyger jusqu’à la lentille fourragère), le comportement globalement similaire tout au long de la saison laisse apparaître des rendements assez similaires. Attention toutefois à la validité de ces résultats qui ne comprennent qu’une seule mesure par couvert associé.
Des analyses ont également été réalisées pour évaluer la qualité technologique des graines de colza. Les teneurs en matières grasses, relativement similaires entre les couverts testés, sont globalement élevées (entre 46,0 et 47,3 %). Ce constat apparaît relativement logique vu les rendements assez faibles de plate-forme.
Pour ce qui est des teneurs en glucosinolates, aucun échantillon prélevé ne dépasse la norme européenne de 25 µmôles par gramme.

Conclusions et perspectives

Du suivi qui a été mené tout au long de la saison culturale, les premières conclusions qui pourraient être tirées sont les suivantes (à confirmer bien entendu, le suivi réalisé n’ayant aucune prétention d’exclure ad vitam aeternam les couverts qui n’ont pas donné satisfaction la première année, d’autant plus que les couverts ont été testé en solo et non pas en mélange comme le préconisent les adeptes de ces nouvelles techniques).
Les espèces qui, semées endéans la période optimale pour le colza (environ du 20 août au 5 septembre), sont susceptibles de se développer fortement au cours de l’automne (comme la moutarde blanche et la phacélie), semblent à proscrire tout du moins aux (fortes) densités adoptées dans la plate-forme, d’abord pour le piégeage important d’éléments minéraux qu’elles engendrent au détriment du colza, ensuite pour les problèmes d’élongation qu’elles sont susceptibles d’induire. Les couverts dont la sensibilité au gel semble trop aléatoire que pour être détruits naturellement et totalement au cours de l’hiver (dont le trèfle incarnat) semblent, en première approche, également à mettre de côté pour des comportements potentiellement incontrôlables à la sortie de l’hiver. Il en est de même pour la caméline qui a marqué très tôt un effet dépressif inexpliqué sur le colza mais qui ne semble pas lié à un prélèvement excessif d’éléments nutritifs vu son faible développement.
Parmi les espèces qui ne présentaient pas ces défauts manifestes dans la plate-forme, il faut également s’interroger sur la pertinence d’associer des espèces dont l’appétence par les limaces est bien connue comme le nyger ou le tournesol et juger de leur effet potentiellement négatif en mélange avec du colza.
Quelle que soit l’espèce considérée, le choix de la densité de semis doit résulter d’un savant exercice d’équilibre pour couvrir suffisamment le sol et éviter la prolifération des adventices à l’automne (objectif atteint à Antheit pour la plupart des couverts, ce qui est en soi une réussite, mais à de fortes densité de semis) mais non excessivement pour limiter la compétitivité vis-à-vis du colza, comme cela a été le cas pour la féverole ou le pois de printemps à 300 kg/ha. L’association de plusieurs espèces de couverts invite également à réfléchir sur leurs densités respectives les plus adéquates.
Pour les combinaisons espèces / densités qui ressortent globalement les plus prometteuses (celles à base de sarrasin à 50 kg/ha, de trèfle d’Alexandrie à 25 kg/ha, de fenugrec à 50 kg/ha et de lentille fourragère à 50 kg/ha), l’absence de répétitions et la perte du témoin sans couvert ne permet malheureusement pas de les départager du point de vue des rendements. L’évaluation de la pertinence de ces couverts dans les conditions de la pratique devra également intégrer leur coût et la possibilité de les semer simultanément en un seul passage avec le colza (mélange des semences dans la trémie du semoir).
Enfin, d’un point de vue méthodologique, les essais qui seront lancés dès la saison 2011-2012 (système non-labour et non plus bio) sur base de ces premières conclusions devront, outre tenter de répondre à toute une série de questions (dont celle de la fixation effective d’azote atmosphérique par les légumineuses), investiguer davantage (et si possible de manière chiffrée) deux phénomènes qui ont été constatés visuellement à Antheit pour les confirmer ou les infirmer, à savoir une réduction du niveau d’attaque des altises en présence d’un couvert associé quel qu’il soit et des niveaux de salissement par les graminées adventices (dont vulpins) parfois très contrastés, la parcelle à base de fenugrec présentant à la récolte un niveau de propreté remarquable.   
Synthèse rédigée le 21/08/2011 par S. Weykmans (ASBL Greenotec) sur base du rapport du suivi CDH11-AntheitVI. Que tous les partenaires du suivi (dont la DGARNE, Mr C. Schiepers, Mr C. Wanzoul et la SCAM) soient remerciés, au même titre que Mme C. Cartrysse (APPO ASBL) pour ses précieux conseils. 
 
Références bibliographiques
WEYKMANS S. (2011). Suivi comparatif de seize couverts associés au colza d'hiver en 2010-2011 à Antheit (Wanze). Rapport. Strée-lez-Huy, B. : Greenotec ASBL, 28 p.

 



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Publié le: 2011-08-19