Essais 2006-2007 - Lits de semences

Objectif des l'essais

Comparaison d'itinéraires techniques de préparation du lit de semences en culture de betterave sucrière sans labour

Partenaires des essais

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Greenotec ASBL

Rue de Nimy 46, B-7000 Mons

Maxime Merchier, Coordinateur

Website : www.greenotec.be

IRBAB ASBL

Molenstraat 45, B-3300 Tienen

Vandergeten Jean-Pierre, Sous-Directeur

Website : www.irbab-kbivb.be 

Introduction

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La betterave sucrière est une plante très exigeante sur les conditions d’implantation. Idéalement, le lit de semences devrait être constitué de terre fine et de petites mottes sur une épaisseur approximative de trois centimètres (Roisin et Vandergeten, 2004). Un affinage excessif du sol superficiel serait toutefois un facteur de risque dans la formation d’une croûte de battance préjudiciable tant pour la plante que pour son environnement, accroissant la fragilité du sol à l’érosion et le risque de ruissellement (Dautrebande, communication personnelle, 2006).

De nombreuses questions se posent sur les itinéraires à suivre pour atteindre ce compromis en techniques culturales sans labour. C. Roisin (2004) et J.-P. Vandergeten (2004 et communication personnelle, 2009) conseillent d’utiliser une herse rotative à vitesse de rotation faible ou modérée et réglée pour travailler à cinq centimètres de profondeur, cet outil étant très fréquemment présent sur les exploitations en Région wallonne (des excellents résultats ont cependant été obtenus avec d'autres outils plus sophistiqués). 
De nombreux outils de préparation existent sur le marché, certains animés par la prise de force du tracteur et d’autres non, certains conçus spécifiquement pour la préparation des lits de semences et d’autres destinés à être polyvalents (opérations de déchaumage notamment). En outre, sur le terrain, on constate que les préparations sont parfois effectuées en deux passages au lieu d’un passage unique. 
Les essais de LignyI en 2006 et BryeI en 2007 ont été destinés à tester différents itinéraires techniques pratiqués par des agriculteurs membres de l’ASBL Greenotec en matière de préparation du lit de semences de la betterave sucrière sous couvert (sept modalités à Ligny en 2006 et sept modalités à Brye en 2007, les enseignements de 2006 ayant orienté le choix des itinéraires de 2007). 

Parcelles expérimentales

Objets expérimentaux

Objets expérimentaux de l'essai LignyI en 2006

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Chisel frontal Jadin + herse rotative Kuhn
+ croskillette Roto-GO

Déchaumeur à disques He-Va Disc-Roller

Herse étrille Eco-Mulch Magnum

L’objet P1 est un itinéraire pratiqué couramment par l’agriculteur propriétaire de la parcelle expérimentale. L’itinéraire P2 relève du semis direct qui n’est pratiqué que marginalement en Wallonie. Les itinéraires P3, P4 et P5 font intervenir un déchaumeur à disques que certains agriculteurs wallons utilisent également pour préparer les lits de semences. La herse étrille utilisée dans les objets P6 et P7 est un outil prévu pour être utilisé à des fins de déchaumages multiples et superficiels.

Objets expérimentaux de l'essai Brye I en 2007

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Déchaumeur à disques indépendants Agrisem International Disc-O-Mulch

Herse rotative Kuhn + croskillette Roto-GO

Herse rotative Kuhn HR 4003 + rouleau He-Va Lift-Roller 400

Chisel frontal Steeno + herse rotative Kuhn HR 4003 + rouleau He-Va Lift-Roller 400

Fraise rotative Falc Rotoking

L’objet P1 de l’essai de BryeI en 2007  fait intervenir un outil non animé par la prise de force (le combiné Kompaktor du constructeur Lemken) fréquemment rencontré en Wallonie, particulièrement chez les agriculteurs qui préparent leurs lits de semences sur labour. Le mode de fonctionnement du déchaumeur à disques Disc-O-Mulch d’Agrisem International (objets P2 et P3) est similaire à celui du He-Va Disc-Roller de l’essai de Ligny en 2006. La différence majeure entre les objets P4 et P5 ne réside pas dans le modèle de la herse rotative utilisée mais bien dans la présence (en P5) d’un rouleau lourd à anneaux dont la circonférence présente une section en « V »à la différence d’une croskillette dans l’objet P4. Dans l’objet P6, on a rajouté un chisel frontal par rapport à l’itinéraire P5. Enfin, l’outil utilisé dans P7 est une fraise rotative peu fréquemment rencontrée en culture de betterave sucrière (ce type d’outil est davantage utilisé pour la préparation des buttes de pommes de terre).

Itinéraires techniques*

* hors amendements, fertilisations et traitements phytosanitaires représentés par des pointillés

Analyse et interprétation des résultats

Impressions visuelles lors de la mise en place des essais

Les déchaumeurs à disques testés en 2006 et 2007 se sont démarqués par leur très grande rapidité d’exécution (entre 15 km/h et 20km/h), et donc par des débits de chantier importants. Il est cependant à regretter qu’il ait été très difficile de travailler le sol superficiellement (en deçà de 5 cm).
La fraise rotative (objet P7 à Brye en 2007) est caractérisée par contre par une vitesse d’exécution très lente (aux environs 2 km/h). Même si la qualité du lit de semences a pu être jugée visuellement très satisfaisante (malgré le fait que la fraise ne permette pas de niveler le sol comme le fait une herse rotative), cet outil s’est avéré peu adapté à la préparation des lits de semences de la betterave sucrière vu ses débits de chantiers trop faibles.

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La herse étrille Eco-Mulch Magnum ne s’est pas révélée plus adaptée. A Ligny (en 2006), il a pu être constaté que cet outil avait tendance à ratisser les débris de l’interculture de moutarde comme le montre la figure de gauche (qui, il faut le préciser, présentaient une taille au printemps importante avec certaines tiges mesurant plus d’un mètre). Ce constat ne s’est pas révélé trop handicapant dans le cadre de l’essai (la petite taille des parcelles permettant d’abandonner régulièrement en bout de ligne la bourre de résidus en train de se former), mais il risquerait de poser des problèmes nettement plus importants sur des parcelles agricoles aux dimensions supérieures. Ce problème de bourrage s'est également rencontré avec les outils de type « combinés » (comme celui utilisé pour le premier passage de l’objet P1 à Brye en 2007), qui ont fait leur preuve lors de préparations sur labours nus mais qui sont inutilisables en présence de résidus importants de cultures intermédiaires.

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Visuellement, la herse rotative s’est avérée l’outil présentant le meilleur rapport vitesse d’exécution / qualité du lit de semences. En présence de débris de moutarde importants (comme à Ligny en 2006), elle avait cependant tendance à andainer les résidus. L’adjonction d’un chisel frontal a permis de limiter ce problème, mais au détriment de la profondeur du lit de semences qui a dépassé les cinq centimètres. Le couplage de la herse avec un rouleau permettant de raffermir le sol après préparation (« donner du pied ») s’est dans les deux essais avéré profitable pour la qualité du lit de semences.

Levée et croissance des betteraves sucrières

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Ligny en 2006

Les résultats de l’évaluation de la levée finale et de la croissance des betteraves sucrières de l’essai LignyI en 2006 sont présentés aux figures de gauche.  Des différences de levée apparaissent entre les objets expérimentaux, mais il serait malaisé voire imprudent d’attribuer ces différences uniquement au type de travail du sol pratiqué (d’autant plus que les répétitions n’étaient pas disposées en blocs aléatoires complets). On notera toutefois que le semis direct se démarque par un pourcentage de levée plus faible et un retard de croissance qui au moment de la mesure (début du mois de juin) pourrait s’évaluer à environ une semaine. Ce comportement a pu être observé chez de nombreux agriculteurs qui ont tenté le semis direct en culture de betterave sucrière, et pourrait constituer une des raisons pour lesquelles ce mode de semis est actuellement très peu répandu en Wallonie.

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Brye en 2007

Les résultats de l’évaluation de la levée finale des betteraves sucrières de l’essai BryeI en 2007 sont présentés à la figure de gauche. Les deux objets caractérisés par les taux de levée les plus faibles, en l’occurrence les objets P2 et P4, correspondent aux préparations qui le jour la mise en place de l’essai ont été cotées visuellement les plus médiocres : présence de mottes insuffisamment dégradées à la surface du sol qui s’expliqueraient pour P2 par l’emploi d’un outil (même en deux passages) affinant insuffisamment le sol et pour P4 par le passage d’une herse rotative couplée à une croskillette qui manifestement ne permettait pas d’écraser les mottes aussi intensément que le rouleau à anneaux en « V » utilisé dans les objets P5 et P6. Il faut cependant constater que les intervalles de variation sont importants en regard des différences entre moyennes, et qu’aucune conclusion statistiquement valable ne peut être tirée sur ces outils en comparaison vu la non-disposition de l’essai en blocs aléatoires complets.

Rendement et qualité technologique des betteraves sucrières

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Ligny en 2006

Le rendement et la richesse saccharine des betteraves sucrières de l’essai LignyI en 2006 sont présentés aux figures de gauche. Assez paradoxalement, les rendements les plus importants semblent avoir été obtenus pour les objets ayant présentés les levées finales les plus faibles. On remarquera cependant que la différence entre le meilleur et le moins bon rendement n’excède pas quatre tonnes, ce qui s’avère relativement faible en regard de l’intervalle de variation de plus de dix tonnes caractérisant l’objet P1. Si ces résultats avaient été obtenus dans un essai conduit en blocs aléatoires complets, l’analyse de variance (test F de Fisher-Snedecor avec un niveau de confiance α = 0,05) n’aurait révélé aucune différence significative. Idem pour l’analyse statistique des richesses sacharrines où seuls les objets P1 et P4 se seraient révélés statistiquement différents.

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Brye en 2007

Le rendement et la qualité technologique des betteraves sucrières de l’essai BryeI en 2007 sont présentés aux figures à gauche. Suite à un problème d’ordre technique, les rendements des objets P1 et P2 n’ont pu être mesurés que plusieurs heures après la mesure des rendements des autres objets. Il y a fort à parier que les rendements de ces deux premiers objets soient surestimés à cause d’une tare terre plus importante (pluie incessante le jour de la récolte). En ce qui concerne les autres objets, on constatera de si grandes différences que le type de préparation de printemps ne s’avère qu’un élément explicatif parmi d’autres (la position de la placette au sein de la parcelle expérimentale jouant manifestement un rôle prépondérant). Les différences de teneur en sucre s’avèrent quant à elles relativement peu importantes.

Conclusions

20 feuilles

Deux grands enseignements peuvent être tirés des essais comparatifs d’itinéraires de préparation des lits de semences en culture de betterave sucrière qui ont pu être menés à Ligny en 2006 et à Brye en 2007.   Tout d’abord, il est à constater que les outils les plus sophistiqués ne conduisent pas systématiquement aux meilleurs résultats. Un outil classique comme la herse rotative, moyennant une optimisation de ses réglages (vitesse d’avancement, vitesse de rotation et profondeur) et l’adjonction d’un rouleau performant permettant de « rappuyer » le sol après le travail de la herse pour « donner du pied » aux betteraves sucrières s’avère très performant pour préparer les lits de semences des betteraves sucrières sous couvert. La pratique des TCS en culture de betterave sucrière ne nécessiterait donc pas d’outil spécifique au printemps. Ce constat est d’autant plus heureux que ce genre de matériel (en tout cas la herse rotative) est rencontré quasiment sur toutes les exploitations agricoles de Wallonie.
La deuxième conclusion relève plutôt du côté « pratique » de l’expérimentation. Il est bien connu que le délai entre la préparation du lit de semences et le semis proprement dit est très important pour la qualité finale du semis (les propriétés du sol évoluent rapidement en quelques dizaines de minutes, notamment sous l’effet du soleil qui réchauffe le sol superficiel et conduit par évaporation à son « blanchiment »). Dans le cadre de ces essais, tout a été réfléchi pour que ce délai soit le plus similaire possible entre les outils en comparaison, ce qui n’a pas permis de répéter en blocs aléatoires complets chacun des objets testés.

 

Or, ce type de dispositif expérimental s’avère incontournable pour tenir compte des hétérogénéités de sol inhérentes à chaque parcelle agricole, les résultats des essais l’ayant démontré une fois de plus. Dès lors, il s’avère que tester des outils de préparation en blocs aléatoires complets en respectant le même délai avant le semis relève presque de l’impossible, en tout cas dans le cadre des activités de l'ASBL Greenotec reposant qui de plus sur des agriculteurs très peu disponibles au moment des premiers semis du printemps. C’est la raison pour laquelle il a été décidé de ne plus procéder à des essais similaires ni en 2008 ni à l’avenir.

Synthèse finale rédigée le 04/03/2009 par S. Weykmans (ASBL Greenotec) avec l'aimable relecture de J.-P. Vandergeten (IRBAB ASBL). Les articles rédigés par l'ASBL Greenotec, que ce soit dans ses lettres d'informations Greenotélex ou sur son website, sont donnés à titre purement informatif en ne peuvent en aucun cas engager la responsabilité de l'association ni celle de ses partenaires.

 

Source blibliographique :
ROISIN C. et VANDERGETEN J.-P. (2004). Techniques culturales sans labour en culture de betterave sucrière. Tienen, B. : Institut royal belge pour l'Amélioration de la Betterave, 24 pp. (Collection : Les Guides Techniques de l'IRBAB).