Cultivons les couverts

Durant le mois de mars et avril 2021 ont eu lieu une série de webinaire sur la multifonctionnalité des couverts, organisés par AgroTransfert Ressources et Territoires. Ces séries de webinaires font suite à un projet de 5 ans “Multifonctionnalité des couverts d’interculture”. Durant ces webinaires il a été question de l’effet des couverts sur la structure du sol, l’adaptation du mélange selon la disponibilité en azote, l’implantation du couvert et le semis du couvert à la volée. Un dernier aura lieu en septembre sur la gestion du couvert sans labour ni chimie.

Nous vous proposons un petit résumé, les résultats présentés sont pour la plupart validés par nos observations de terrain.

Effet des couverts sur la structure

Biomasse couvert et racine agtransfert 

Sources : AgroTransfert Ressources et territoires

Les effets du couvert sont maximisés avec le temps : plus le couvert est laissé tard au plus il explore le le sol avec ses racines. Certaines espèces comme le radis ont un système racinaire qui explore plus en profondeur, à l’inverse l’avoine explore le sol en superficie, d’où l’intérêt de semer des couvert multi espèces qui auront des profils racinaires différents avec une meilleure exploration du sol.

Cette observation est également valable pour la biomasse aérienne : plus le couvert est laissé longtemps plus il fera de la biomasse et couvrira le sol.

Les avantages des couverts sont nombreux et participent à l’amélioration de la structure du sol par notamment :

-une augmentation de la porosité

-Une fissuration du sol par desséchement (participe à la restructuration)

Il faut donc préférable de semer tôt son couvert et le laisser le plus longtemps possible pour en maximiser les effets

Adaptation des mélanges à la disponibilité en azote de la parcelle

Suivant les reliquats azotés et l’historique de la parcelle, les conditions de levée, la dormance des graines et le développement des espèces seront différents. Pour chaque parcelle il existe une espèce plus adaptée que les autres mais on ne la connait pas d’avance. Il est donc intéressant de mélanger les espèces dans son couvert, de cette façon les espèces les mieux adaptés se développeront assurant ainsi la productivité du couvert.

Un couvert diversifié produit plus de biomasse et capte plus d’azote dans le sol qu’un couvert simple, les restitutions du couvert seront donc d’autant plus importantes. 

Interet des melanges de couverts agtransfert

Si la parcelle présente un reliquat azoté élevé, les légumineuses vont moins se développer, les autres familles prendront le dessus. Il faut donc adapter son mélange en fonction du précédent ou prévoir des couverts diversifiés.

Les reliquats azotés dans le couvert sont les mêmes qu’il s’agisse de couvert avec ou sans légumineuse. Les couverts avec des légumineuse ne présente pas des reliquats plus élevés que les autres, mais ils relargueront plus d’azote à la destruction. Les couverts diversifiés ont une plus grande capacité à restituer de l’azote pour la culture suivante.

Un outil a été créé pour évaluer la disponibilité en azote de la parcelle et adapter son couvert, il est disponible ici.

Optimiser l’implantation du couvert

Avec ces dernières années sèches en été pour l’implantation des couverts, il parait primordial d’avoir une bonne gestion de l’humidité du sol. La gestion de l’humidité est donc à anticiper dès la récolte.

  • Un travail du sol a tendance à assécher la parcelle, il est donc recommandé de travailler le sol le moins possible pour garder une capillarité (remontée d’eau par la porosité du sol) et une humidité convenable.
  • Une moisson haute (chaumes hauts) garde aussi l’humidité plus longtemps mais peut comporter d’autres inconvénients (gestion des mulots par exemple).
  • Semer son couvert le plus tôt possible permet de profiter de l’humidité résiduelle du sol.

Humidite sol et residus agtransfert

Dans leurs essais, Agro transfert a également évalué les couts d’implantation des couverts : deux déchaumages coûtent trois fois plus cher qu’un semis direct. Ceci est à prendre en compte quand on sait que les chances de réussite sont augmentées lors d’un semis du couvert en direct. Il n’y a pas d’effet du roulage sur la levée du couvert. Différents semoirs ont été testés (à dents et à disque), aucune différence significative de croissance a été constaté. Il s’agissait d’un semoir à disque Weaving (disques inclinés), ce qui peut expliquer les résultats. Notre expérience de terrain chez nos membres montre des meilleurs résultats de couverts avec des semoirs à dents, les semoirs à disques droits ont tendance à enterrer les pailles dans le sillon, ce qui entraine un mauvais contact terre-graine et donc une mauvaise germination. Une augmentation de la densité de semis devra donc être envisagée, pour un résultat similaire. Ceci est évidemment à adapter en fonction du matériel disponible sur l’exploitation. Un semis direct a disque est tout de même à privilégier par rapport à un semis après déchaumage.

Itk et taux de germination couvert ag transfert

Dans cet essai, le couvert était composé de 2kg de radis, 1,5kg de phacélie, 7kg de vesce commune, 5kg de lin et 4,5 kg de tournesol. L’objectif était de faire plus de 2 tonnes de MS, l’objectif a été atteint uniquement en semis direct.

Pour avoir un développement du couvert équilibré, les légumineuses doivent être implantées avant le 15 aout, afin qu’elles expriment tout le potentiel.

Selon le mode de gestion (implantation, date de semis…), les espèces du couvert n’ont pas été les mêmes, les levées de dormance et les taux de levée ont été différentes. Agro transfert a alors étudié les espèces en fonction des levées de dormance des graines. La prise en compte de ces facteurs (% de levée, conditions de sol) permet d’obtenir des couverts équilibrés. 

Besoin pour la germination

Humidité et fraicheur

Humidité et chaleur

Tropicale (chaud et humide)

Tolérantes (toutes conditions)

Conditions difficiles (chaud et sec)

Phacélie

Vesces velue et commune

Féverolle

Pois fourrager

Sainfoin

Lupin

Cameline

Avoine rude

Ray grass

Avoine de printemps

Niger

Moha

Tournesol

Moutarde blanche et brune

Sarrasin

Trèfle incarnat et Alexandrie

Vesce du bengale

Fenugrec

Roquette

Navette

Seigle

Radis fourrager

Source : Triboulois et al. 2018

Remarque : Ce tableau illustre les conditions de levée, les conditions de croissance peuvent être différentes. Par exemple certaines légumineuses lèvent dans la fraicheur et l’humidité mais se développe très bien dans le sec et le chaud.

Semis à la volée

Dans l’essai précédent les taux de levée du semis à la volée n’étaient pas satisfaisants. Lorsque que le couvert est semé à la volée, il convient d’augmenter les densités du couvert (autour de 10%). Des essais ont donc été mené sur plusieurs année à plusieurs endroits et ont donnés à plusieurs constations, permettant de maximiser les réussites d’un couvert semé à la volée :

-semer 3 semaines maximum avant la moisson (l’optimum est 15 jours avant la moisson = stade laiteux-pâteux), si le semis est trop tôt les taux de levée peuvent être divisées par 2.

- Il est préférable de restituer les pailles (les chaumes hauts évitent l’évaporation de l’eau) mais non obligatoire.

- être patient (les levées peuvent avoir lieu après les premières pluies).

Certaines espèces sont mieux adaptées pour un semis à la volé, la féverole, l’avoine rude (avoine brésilienne) et la moutarde blanche sont à éviter, pour le Moha, la moutarde d’Abyssinie et les trèfles il convient d’augmenter de 10% les densités de semis pour pallier les pertes à la levée. Les vesces, le radis et la Phacélie sont particulièrement adapté à la technique. Le tableau ci-dessous montrent les espèces adaptées.

Especes a la volee ag transfert

Pour épandre les couverts sur plus de 28m en utilisant les passages de pulvérisateur par exemple, il faut prévoir un enrobage des semences (collage). Cela permet en plus d’avoir un semis plus homogène et de meilleurs résultats.

Pellet de graines couvert ag transfert

Un semis est possible avec un semoir centrifuge type Delimbe ou à l’épandeur à engrais mais la répartition est moins homogène, de beaux résultats sont observés avec deux semoirs Delimbe fixés sur les rampes du pulvérisateur. Certains semoirs spécifiques existent avec une rampe et des descentes de graine réparties sur la largeur, ces semoirs permettent la répartition la plus homogène. Un semis est aussi possible avec un épandeur à engrais à rampe (type dp12) et donne de beaux résultats mais la largeur d’épandage peut être un facteur limitant.

Il est préférable d’utiliser des espèces tardives vu qu'il s’agit d’un semis précoce. Les biomasses espérées sont les mêmes qu’un couvert classique voir plus, dans le tableau ci-dessous, les graines ont été mise en pellets et semées à l’épandeur à engrais. Les différences de biomasse peuvent s’expliquer par la date de semis plus précoce du semis à la volée.

Biomasse semis volee

Source : AgroTransfert Ressources et territoires

En résumé

  • Semer le plus tôt possible
  • Laisser le couvert le plus longtemps possible
  • Travailler le sol le moins possible
  • Semer des couverts diversifiés
  • Adapter les espèces à la parcelle et au mode de gestion
  • ⇒ Maximisation des effets bénéfiques des couverts (Amélioration de la structure, restitution, etc.)

Le semis à la volée :

  • Semis le moins cher
  • Utiliser des variétés précoces
  • Utiliser des espèces adaptées
  • Semer 15 jours avant la moisson
  • Prévoir un enrobage (collage) des semences (meilleurs résultats)
  • Être patient à la levée