Journée TCS 20/09/05 - Analyse des profils culturaux

Les stations 1 et 2 ont été choisies dans un champ conduit sur une rotation quinquennale en non-labour depuis 1993, si ce n'est un labour superficiel qui a été réalisé par l'agriculteur en septembre 2004 avant le semis d'escourgeon (l'égrenage très important caractérisant la récolte du froment d'hiver en conditions humides à  la fin août 2004 constituait un problème potentiel pour le désherbage de l'escourgeon). La différence entre les stations 1 et 2 réside dans l'historique cultural avant 1990 : la partie du champ où a été positionnée la station 1 a toujours porté des grandes cultures, tandis que la partie où se situait la station 2 était précédemment couverte par une prairie permanente.

Densité des galeries de vers de terre :

La densité de galeries de vers de terre peut être considérée conne un bon indicateur de l'activité biologique des sols. La plus forte densité est rencontrée dans la station 2 (photo de droite) où on en comptabilise plus de 255 par m² sur une coupe du sol horizontale. Elles atteignent pour la plupart d'entre elles la profondeur de 150 cm  et présentent un diamètre moyen de 6 mm.

Si l'on fait l'analogie avec une gouttière d'évacuation des eaux pluviales, cela représente un tuyau d'un diamètre de 100 mm... et ce tous les m² de surface! On se rend vite compte du rôle primordial des populations lombriciennes dans l'infiltration des eaux de pluie.... Les galeries de vers de terre constituent en outre une voie privilégiée des racines pour l'exploration du sol.

• La densité de galeries est un peu moins importante dans les stations 1 et 3, mais elle reste cependant remarquable!
• La plus forte densité dans la station 2 par rapport à la station 1 s'expliquerait par la présence avant 1990 d'une prairie permanente.

Transition entre les horizons du sol :

• La station 3 n'étant jamais travaillée à l'aide d'outils, la transition entre les horizons du sol est continue (la distinction entre les différents horizons est d'ailleurs difficilement repérable à l'oeil nu).
• L'intense activité biologique dans la station 2 a permis d'effacer les semelles successives créées lors des labours profonds antérieurs à 1993,de minimiser l'empreinte du passage de la charrue en 2004 et d'assurer ainsi une transition quasi-continue. Même si les passages de charrue sont encore visibles, on parle dans ce cas de fond de labour et non plus de semelle de labour.
• La moindre activité biologique dans la station 1 n'a permis d'effacer que partiellement les semelles consécutives au passage de la charrue avant 1993 et en 2004 : la transition entre les différents horizons du sol est discontinue: Frédéric Thomas parle d'une "transition en escalier".    

Teneur en matière organique :

La teneur en humus la plus élevée se situe dans les dix premiers centimètres du sol de la station 3 ("horizon organique"). La raison en est un développement très dense des racines des graminées (photo de de droite) et ce tout au long de l'année.

Le système racinaire des grandes cultures explorant le sol plus profondément, il contribue à un enrichissement en humus de la totalité du profil.

• Selon Frédéric Thomas, la présence de la betterave sucrière dans les rotations culturales de Wallonie se révèle être un atout non négligeable vu la profondeur de son enracinement et ses exigences importantes en eau. En effet, l'assèchement du profil lors du prélèvement d'eau par la plante conduit à un retrait des argiles et à la création de fissures qui constituent dès lors :

1. une voie d'exploration privilégiée des racines pour coloniser les horizons inférieurs du sol.
2. une voie de migration en profondeur des particules limoneuses assurant de la sorte une transition continue entre les différents horizons du sol. Ces deux phénomènes simultanés (se rencontrant également fréquemment sous d'autres plantes caractérisées par un système racinaire pivotant comme le tournesol ou le colza) concourent dès lors au développement de que ce Frédéric Thomas appelle "La verticalité du sol".

La conduite de grandes cultures en TCS constitue une entreprise qui peut apparaître complexe les premières années mais dont les résultats après seulement six ou sept ans s'avèrent particulièrement encourageants. L'augmentation de la teneur en matière organique dans le sol notamment par le recours aux TCS permet :

• d'accroître "le volant d'autofertilité" des sols : l'agriculteur exploitant la parcelle a en effet remarqué depuis quelques années que ses cultures conduites sur la station 2 nécessitaient une fertilisation azotée moindre que celles de la station 1, alors que ces deux stations ne sont distantes que de quelques dizaines de mètres et que les cultures sont identiques depuis 1990!
• de minimiser les impacts négatifs de certaines pratiques comme le labour qui a été réalisé sur les stations 1 et 2 en 2004.