Colza associé 2020

Depuis 2011, Greenotec met en place des essais ou des suivis de culture de colza associé dans le but de cerner tous les avantages que ces pratiques pourraient amener à l’agriculture wallonne et conseiller au mieux les agriculteurs dans ces pratiques. Ce rapport présente les résultats des essais menés par l'ASBL en partenariat avec le GAL de l'Entre-Sambre-et-Meuse (Groupe d’Action Locale de l’Entre-Sambre-et-Meuse) et Protect'eau.

 

Dispositif expérimental : modalités

L'essai porte sur 8 parcelles dans 4 communes : Gerpinnes, Florennes, Mettet et Walcourt en 2019-2020. 

Localisation parcelle CDH 2020

Les modalités avec le semis et les traitements réalisés par chacun sont détaillés ci-dessous : 

Dispositif cdh 2020 3

Dispositif cdh 2020 4

Il est à noter que deux agriculteurs ont ajoutés la variété "Alicia" à leur colza (variété plus précoce dans la floraison). Le mélange de variété à date de floraison différentes est un levier supplémentaire pour la lutte contre les méligèthes. 

Analyse et interprétation des résultats

 

Semis et levée

Concernant le semis, un passage de semoir a été encouragé. En effet il y a peu de risque de démélange dans la trémie, cela permet de limiter les passages et donc des économies de carburant ainsi qu'une diminution du tassement. La photo ci dessous montre le nombre de pieds par m². Nous observons que lorsque le colza est associé avec des légumineuses (comptages de féveroles uniquement), il y a peu de différences de nombre de pieds entre témoin et associé. Excepté dans deux parcelles où il est nettemet est inférieur au témoin. Le nombre de pied étant en corrélation avec des facteurs variables (pluviométrie, type de sol), une certaine hétérogénéité a été observée dans nos essais. Les dates de semis peuvent aussi expliquer ces variations, en effet chez certains agriculteurs les semis des deux modalités se sont fait à des dates différentes.    

 Nb pied m colza 1

Nous conseillons aux agriculteurs ne voulant pas tout mélanger dans leur trémie, de passer avec un semoir centrifuge pour épandre les grosses graines (féveroles) avant le travail du sol ou le semis à la rotative. Cela permet d'épandre sur une grande largeur (20 à 33m de large) et de diminuer le temps et la consomation de carburant à l'hectare. Le graphique montre le nombre de pieds par m² en fonction de la méthode de semis. Nb pied m colza et methode semis

Sur l'ensemble de nos essais, nous avons observé une correllation entre la date de semis du colza associé et le rendement de la culture. Plus il est semé tôt, plus on va avoir un meileur développement du colza et des légumineuses. On maximise ainsi la biomasse avant l'hiver, le rendement du colza aura tendance a être plus élevé. 

Rdt colza et date semis

 

Biomasse à l'automne

Le graphique ci-dessous montre les biomasses du colza et des couverts associés dans les différentes modalités testées en g/m².

Biomasse entre hiver cdh 1

Des effets positifs sur le rendement peuvent également être observés. Une biomasse fraiche de minimum 1,5 kg/m² (+/- 250g de matiére sèche) de plantes compagnes est un objectif à atteindre pour concurrencer les adventices et perturber certains insectes automnaux sans relâcher la surveillance de la culture.    

Des variations de la biomasse sont observées sur le graphique ci-dessus entre les différents essais, ce qui peut s’expliquer par la méthode et la date de semis. Le type de sol est un facteur qui intervient aussi pour expliquer cette variabilité.

De plus, il est intéressant de remarquer que le développement du colza est moindre lorsqu’il est associé malgré un nombre de pieds souvent équivalent (concurrence de la plante compagne). Ceci est assez visible au niveau des résultats. Dans seulement 1 cas (à Clermont), la biomasse du colza (en bleu) dépasse le témoin. On remarque d’ailleurs dans ce cas, que la biomasse du couvert est assez faible, celui-ci n’a probablement pas ou peu dérangé le développement du colza. A cause de cette concurrence aérienne, le colza associé produirait plus de biomasse racinaire.

Au niveau de la biomasse totale (biomasse colza + couverts associés), on constate qu’elle est supérieure au témoin dans 6 cas sur 7 et équivalente pour un essai (à Laneffe) car ce dernier n’avait pas de féverole qui fait une grosse partie de la biomasse des plantes compagnes.

Il ressort des résultats obtenus que la biomasse de colza associé est en général moins élevée que celle du témoin mais que l’ajout de la biomasse des plantes compagnes permet d’obtenir une biomasse totale supérieur à un colza en culture pure dans tous les cas.

La biomasse joue un rôle conséquent sur les adventices, ainsi plus la biomasse est élevée, moins il y aurait d’adventices. Plus la biomasse de légumineuse est élevee plus elle aura un effet positif sur le rendement du colza. De part une perturbation accrue contre certain ravageurs (altises), une restitution et une production d’azote plus élevée au colza et froment qui suit.

Comptage des piqures de petites altises

Le graphique ci dessous montre le pourcentage de colza touché par les altises entre le 4 et le 19 novembre 2019.

Comptage piqures de petites altises 1

Dans 4 parcelles d’essai nous avons moins d’attaque d’altises dans le colza associé par rapport au témoin.

Il y a une grande différence entre le pourcentage d’attaque de la petite altise entre les différents essais. Cette différence pourrait s’expliquer par les dates différentes de semis et donc la différence de levée entre les plantes associées et le colza. En effet si un couvert est bien développé, il vient perturber l’insecte. Les altises sont dérangées par le fait que d’autres plantes sont associées au colza. Dans certaine situation le fait d’associer le colza avec des légumineuses permet de passer en dessous du seuil de traitement et donc d’éviter un traitement insecticide.

Un second graphique a été produit et répértorie le nombre moyen de piqures d'altises par pied de colza.

 Colza altise

 Ce graphique est la synthèse de deux ans (2018 et 2019) de comptage des piqûres d’altises à l’automne et on observe que globalement, il y en a moins en colza associé. On en observe 18% de colza attaqués en moins qu’en colza pur.

Mesure d'attaque d'insecte : test de berlèse

Le graphique suivant nous montre le nombre de larves d’altise présentes par pied de colza en 2020.

Nb moyen larve berlese 1

Dans 5 cas sur 7, il y a plus de larves dans le témoin que dans le colza associé, les colzas qui sont associés à des légumineuses semblent, en général, protégés par le couvert. Le nombre de larve supérieur dans le colza associé à Fromiée peut s’expliquer par la forte pression d’altises sur sa parcelle et le fait que les colzas prélevés en champ pour le test de berlèse était de dimension supérieur (2-3fois plus que le témoin). On remarque aussi que plus on a une biomasse importante plus on peut avoir des larves par pied de colza. C’est assez corrélé avec la biomasse en entrée d’hiver. Cependant malgré un nombre de larves parfois important, on a quand même des rendement tout à fait satisfaisant.

A Laneffe, il y aussi plus de larve dans l’associé, cependant il n'y a pas de féverole dans le mélange. On avait déjà démontré que c’est la biomasse de la féverole surtout qui perturbe les insectes.

Si on regarde sur une plus grande échelle de temps, on remarque que plus la pression d'insectes est importante, plus il y a un effet du couvert associé sur le nombre de larves moyen par pieds de colza. Sur des années à faible pression, il n'y a pas une diminution trés marquée du nombre de larves mais une diminution moyenne est quand même observée. C'est ce que l'on voit sur le graphique ci-dessous. 

Larve altise

 

Mesure du rendement

Le graphique présente le rendement entre colza associé et colza pur pour chaque agriculteurs. 

Rdt colza 2021

 On remarque que 4 essais sur 7 donnent un rendement supérieur au témoin (dans un essai on n'avait pas de témoin). Si on fait une moyenne nous sommes à 66kg/ha en plus pour le rendement des colzas associés (tableau ci-dessous) !

Diiference de rendement cdh 2021

La perte de rendement à Florennes s’explique assez facilement par le fait que la parcelle d’essai faisait 0.7 ha dont la bande témoin était contre le champ du voisin et l’associé contre un bois. D’après l’agriculteur il y aurait peut-être eu un redoublage d’azote du voisin sur le témoin. Le bois aurait, de plus concurencé l’associé au niveau de l'eau.

La perte de rendement à Chaumont s’explique par le fait que le trèfle d’Alexandrie n’a pas gelé et s'est développé fortement au printemps même au-delà du colza qui lui a été raccourci au printemps. La concurrence pour le colza a été trop forte. C’est la première année que l’on observe que le trèfle d’Alexandrie ne gèle pas et surtout passe au-dessus du colza qui était resté petit. A Laneffe, le trèfle d’Alexandrie n’avait pas gelé aussi mais il n'a pas été concurrentiel pour le colza, bien au contraire on remarque même une belle hausse du rendement. Cela s’explique par le fait que le colza était bien grand et que le trèfle d’Alexandrie est bien resté au sol. Les racourcisseurs au printemps sont fait rarement et sont pour nous bien inutile. 

A Saint Gerard, on a plus ou moins les mêmes rendement en associé et en témoin mais en plus après la récolte on a un trèfle blanc bien développé qui couvre le sol après la récolte. Dans une autre modalité, où l’associé était composé que de trèfle blanc donne de moins bon rendement. Cela peut s’expliquer par une zone non homogène du sol de ce coté de la parcelle. Il se peut égalemment que le trèfle blanc se réveillant doucement au printemps ait commencé a rentrer en compétition pour l’eau. Cette parcelle n’a reçu aucun traitement d’insecticide et fongicide, les pertes de rendement sont compensées financièrement par les économies réalisées sur les produits, le temps gagné, le carburant, l’amortissement des machines…

 

Résultats économiques

D'autres résultats économique sont présentés dans le tableau ci-dessous montrant les bénéfices pouvant être fait avec la technique du colza et couverts associés. Il présente les différences de coûts des travaux entre le témoin et la culture associé dans les différents essais. 

Resultats eco colza 1

Lorsque les cellules sont blanches avec "0", c'est qu'il n'y a pas de différences entre la modalité témoin et la modalité colza associé. Les coûts mécaniques ont été éstimés avec le logiciel "Mécacost" du CRA-W.

  1. Les prix des couvert se composent comme suit :
  2. -52,8€/ha = prix semences de trèfle d'Alexandrie, lentille
  3. -80,8€/ha = prix semences de trèfle d'Alexandrie, lentille et féverole de ferme
  4. -104,8€/ha = prix semences prix semences de trèfle d'Alexandrie, lentille et féverole de ferme et trèfle blanc pérenne. 
  5. Les cases vertes correspondent à des différences positives du colza associées par rapport au témoin, les cases rouge à une différences négatives. Par exemple à Chaumont, le gain de 10€/ha correspond à l'économie du passage de pulvérisateur en plus des économies d'herbicides (12,5+67,13€/ha) et d'insecticide (4€/ha) toujours par rapport au témoin. 

A savoir que le prix de vente du colza utilisé dans les calculs est de 370euros/tonnes.  

La "restitution de l'association" correspond à l'économie d'azote que l'on ne devra pas apporter, elle est calculée sur les valeurs moyennes et du prix du marché, soit 85cent/unité d'azote.

Conclusion

L'objectif de ce travail était de comparer l'itinéraire technique d'une culture innovante, le colza associé, avec celui du colza en culture pure. Des comparaisons ont été réalisées à plusieurs niveaux, que ce soit agronomique, environnemental ou économique. 

Nous avons pu mettre en évidence l’impact non négligeable des plantes compagnes sur les bio-agresseurs tels que la grosse altise. Cette technique perturbe les altises et les différents résultats montrent une diminution des attaques des cotylédons. Cet effet est d’autant plus marqué que la culture est implantée suffisamment tôt. Cette perturbation entraine également une présence de larves dans les colzas plus faible que dans le colza pur. Ainsi, la pression des ravageurs et de leur agression se voit diminuée dans un colza associé. Ceci permet une diminution de l’utilisation d’insecticides. Ce qui, dans le contexte de la campagne 2020, est intéressant étant donné que les années sèches sont propices aux insectes.

Une date de semis précoce permet d’augmenter la biomasse produite par les plantes compagnes et de maximiser leurs effets. La féverole de printemps a encore montré de belles aptitudes quant à son potentiel de production de biomasse. Pour rappel, une biomasse totale importante va avoir un effet positif sur la concurence avec les adventices, sur la matiére organique, sur les insectes ravageurs, sur la structure du sol et sur le captage de l'azote atmosphérique par les légumineuses. 

Globalement les rendement sont assez satisfaisant lorsque l’on voit les conditions météorologiques de l'année 2020 assez difficile et sèche que l’on a eu. Même si on ne dégage pas des rendements mirobolants en colza associée, on peut quand même avoir la certitude que tous les effets bénéfiques de cette association compense largement ce rendement. Que ce soit au niveau de la biodiversité, de la limitation des produits phytopharmaceutique, de l’azote atmosphérique piégé par les légumineuses et le retour de clui-ci au colza et au froment qui suit…

Nous continuons à suivre les essais avec du trèfle blanc comme couvert associé, aprés la récolte du colza en observant l’effet de l'association sur le froment qui suit. Des hausses de rendements sont déja observées.

Cette année étant particuliére au niveau climatique. Trés humide en sortie d'hiver et ensuite très séche jusqu'à la récolte. Les résultats présentés ici sont à prendre ave des pincettes, car ils ne couvrent qu'une année (2019-2020). Nous vous invitons à consulter nos "greenofiches" pour plus d'informations sur le sujet qui incluent nos 9 ans d'expériences et d'observations sur le sujet, elles sont disponible ici.

 

 

Les articles communiqués par l’ASBL Greenotec, sont donnés à titre purement informatif et ne peuvent en aucun cas engager la responsabilité de l’association. Toute reproduction ou copie de cet article, même partielle et quel que soit le moyen utilisé, ne peut se faire sans l'accord écrit préalable de l'ASBL Greenotec.